Abandon

Conseil sur l’art de s’abandonner entre les mains de Dieu

Abandonnons-nous à toutes les volontés de Dieu, et nous serons bientôt soulagés et déchargés. Alors nous verrons que pour avancer dans les voies du salut et de la perfection, il n’y a dans le fond que peu de chose à faire, et qu’il suffit, sans tant raisonner ni sur le passé ni sur l’avenir, de regarder Dieu avec confiance, comme un bon Père qui nous mène dans le moment présent comme par la main. Je ne sais rien encore de ma destinée, ce dont je suis fort aise. Cette profonde ignorance me laisse à plein dans l’abandon à la divine Providence, où je suis en paix comme dans mon élément, sans soin ni souci, comme un petit enfant qui repose doucement dans le sein de sa bonne et tendre mère, voulant tout, et ne voulant rien, c’est-à-dire tout ce que Dieu voudra et rien de ce qu’il ne voudra pas.

Jean Pierre de Caussade, Lettres spirituelles, Lettre 8

Action de grâces

Le premier degré d’action de grâce est celui du cœur ; il faut y graver la mémoire des insignes miséricordes dont le Seigneur a usé envers nous. Le second degré nous porte à louer, à exalter, à célébrer le bien reçu; la prière liturgique, en particulier le Te Deum, constitue la meilleure source de l’action de grâces, car l’Esprit-Saint lui-même en est l’auteur. Mais c’est par la divine Eucharistie et par Elle seule que nous pourrons dignement nous acquitter de notre dette de gratitude envers Dieu. Voilà le troisième et suprême degré de l’action de grâces… Ô mon Dieu, quand je vous offre cette Hostie de louange et d’amour, vous faites encore entendre cette voix paternelle du haut des cieux, qui descendit sur Jésus; “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je mets toutes mes complaisances.”

P. Hermann COHEN ; Lettre de Flavigny, 14 juin 2001

Amitié

Les cinq conditions d’une véritable amitié

  1. Chacun des deux amis, en effet veut que son ami vive.
  2. Il lui veut du bien.
  3. Il lui fait du bien.
  4. Il vit avec son ami et cela lui est une source de joie.
  5. Il n’a qu’un cœur avec lui, partageant ses joies et ses tristesses.

Aristote, cité par Saint Thomas d’Aquin, II.II. q.25, a.7, resp.

La véritable amitié

Celui-là aime vraiment son ami
qui aime Dieu en son ami,
qui l’aime parce qu’Il y est,
ou l’aime pour qu’il y soit.

S. Augustin; Sermon 336

Présence de Jésus dans l’amitié

Je ne puis aimer quelqu’un sans que l’âme se glisse derrière le cœur et que Jésus-Christ soit de moitié entre nous.

Lacordaire

Trouve-moi quelque chose de plus haut que l’amitié. Les anges en sont capables aussi bien que les hommes. Que dis-je ? Jésus lui-même s’est nommé notre ami ; il nous ouvre son cœur, ouvrons-lui de même le nôtre ! L’amitié véritable a son modèle dans l’épanchement du Seigneur Jésus-Christ versant sur ses disciples les mystères cachés dans le sein de son Père.

Saint Ambroise

Amour – Sentences diverses

 

L’amour, une fois qu’il a germé, pousse des racines qui n’en finissent pas de croître.

Saint-Exupéry, Pilote de guerre.

 

L’amour, oublieux de sa propre dignité est assoiffé d’élever et de grandir l’être aimé ; il n’a qu’une mesure, c’est d’être sans mesure.

Saint Augustin

 

Nous ne comprenons rien à rien. Il y a autant de mystère dans la croissance d’un grain de blé que dans le mouvement des étoiles. Mais nous savons bien que nous sommes seuls capables d’aimer. Et c’est pour cela que le moindre des hommes est plus grand que tous les mondes réunis.

Guy de Larigaudie

 

Sur le cœur de l’homme, rien n’exerce une attraction semblable à celle de l’amour. Comment en serait-il autrement ? C’est par amour que Dieu l’a créé ; c’est par amour que son père et sa mère lui ont donné de leur propre substance. Lui aussi est fait pour aimer.

Sainte Catherine de Sienne

L’amour en progrès

Celui dont l’amour est si grand qu’il serait prêt à aller jusqu’à mourir pour ses frères, en lui l’amour est parfait. Mais est-ce dès sa naissance que l’amour atteint cette plénitude ? Non, il naît pour progresser vers son accomplissement ; quand il est né, il se nourrit ; nourri, il se fortifie ; fortifié, il devient parfait ; devenu parfait, il peut dire : “Pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir m’est un gain ; je voudrais bien partir pour être avec le Christ, ce serait de beaucoup le meilleur, mais à cause de vous, demeurer en ce monde est encore le plus nécessaire.” Paul préférait vivre, à cause de ceux pour qui il était prêt à mourir.

S. Augustin In Epist. Joan. Tract. IV, 4

Les délices de l’amour

Plus l’amour d’une âme est grand, plus cette âme est parfaite en ce qu’elle aime. Elle devient, si l’on peut ainsi parler, tout amour. Ses actions sont amour, ses richesses consistent à l’amour ; elle donne tout ce qu’elle possède, comme le sage négociant de l’Évangile, pour acheter ce trésor d’amour d’un si grand prix, qu’elle trouve caché en Dieu. (…) Semblable à l’industrieuse abeille qui, voltigeant de fleur en fleur, emprunte à chacune d’elles ses parfums les plus suaves, pour les transformer en un miel savoureux, sans en faire jamais un autre usage ; ainsi l’âme, douce d’une merveilleuse facilité d’aimer, ne sait faire autre chose que goûter dans tout ce qui lui arrive les douceurs de l’amour divin.

Que les événements soient consolants ou amers, agréables ou fâcheux, peu importe. L’amour la remplit, l’absorbe, la protège de telle sorte qu’elle ne peut plus sentir, goûter ou connaître autre chose ; partout elle trouve le secret de grandir en amour et la faculté d’aimer davantage. Elle ne sait plus qu’aimer ; au milieu même des relations qu’elle est forcée d’avoir avec les créatures, elle ne trouve plus que les délices de l’amour de Dieu.

S. Jean de la Croix

 

Les différents modes de la charité

  1.  Amour d’adoration : on se fait petit, heureux qu’Il soit tout et on s’abîme dans le silence. …nous met en paix parce que nous met à notre vraie place.
  2. Amour de complaisance, d’admiration, de louange. “Benedicite omnia opera Domini Domino.” Cela nous fait sortir de soi et nous jette en Dieu.
  3. Amour de bienveillance : désirer ardemment le Bien de Celui qu’on aime (que votre nom soit sanctifié).
  4. Amour d’amitié, qui nous fait rechercher sa compagnie (Venez chez moi). Nous aimons vraiment lorsque nous voulons aimer. La volonté d’aimer et de rechercher Dieu en tout, c’est de l’amour.
  5. Amour d’action de grâces : savoir dire “Merci” à Dieu !
  6. Amour de confiance; c’est celui qui fait le plus plaisir à Dieu. La confiance honore Dieu : “je sais qu’il m’aime”.
  7. Amour de bienfaisance : travailler uniquement pour Dieu. Entraîne à éviter les moindres fautes et développe en nous une grande délicatesse d’âme. Conduit à la charité fraternelle.

Notre amour doit être libre, joyeux, chantant, spontané, parce que filial. Dieu est amour et joie tout ensemble.

Dom Placide de Roton, abbé de l’abbaye Notre-Dame de La Pierre Qui Vire

La spirale de l‘amour

 

Quiconque aime Dieu est bien sûr qu‘il est aimé, car Dieu ne peut point ne pas payer de retour un amour qu‘il se plaît à devancer, et ne pas nous aimer lorsque déjà nous l‘aimons, puisqu‘il nous aime lorsque nous ne l‘aimons pas encore. Or il nous aime et nous a aimés le premier.

On ne saurait en douter, l‘Esprit-Saint et Jésus, et Jésus crucifié, en rendent un double et irrécusable témoignage. Jésus-Christ, par sa mort, mérite notre amour, et le Saint-Esprit, par l‘onction de sa grâce, nous le fait aimer ; l‘un acquiert des droits sur notre cœur et l‘autre nous le lui fait donner.

Jésus nous engage à l‘aimer par l‘étendue même de son amour pour nous, le Saint-Esprit nous donne les moyens de le faire; l‘un nous montre ce nous devons aimer et l‘autre nous le fait aimer ; enfin, Jésus nous fournit un motif d‘amour et le Saint-Esprit nous en donne le sentiment.

Quelle honte de voir d‘un œil indifférent le Fils de Dieu expirant pour nous ! Et c‘est pourtant ce qui a lieu si l‘Esprit-Saint ne s‘en mêle et ne nous préserve d‘une telle ingratitude. Mais, comme “cet Esprit-Saint qui nous a été donné, répand l‘amour de Dieu dans nos cœurs”, aimés, nous aimons, et en aimant, nous méritons d‘être aimés davantage.

Saint Bernard (Ep. 107,8)

 

Anges gardiens (1)

« Sur leurs mains ils te porteront » (Ps 90,12)

« Il a commandé à ses anges de te garder en toutes tes voies. » (Ps 90,11) Combien cette parole doit te porter au respect…pour la présence de ton bon ange ! Combien elle doit t’inspirer de la confiance, puisque Dieu prend soin de te garder. Fais une attention particulière à tout ce que tu fais, puisque les anges sont présents à toutes tes démarches, comme Dieu leur a commandé. En quelque lieu que tu ailles, en quelque recoin que tu sois, aie toujours une grande dévotion pour ton bon ange… Douterais-tu que cet esprit que tu ne vois pas soit présent à tout ce que tu fais ? Combien de respect tu aurais si tu l’entendais, si tu le touchais, si tu le sentais auprès de toi !

Prends bien conscience que ce n’est pas seulement par la vue qu’on est assuré de la présence des choses ; tout ce qui est présent et corporel ne peut pas être saisi par la vue. Combien plus alors les êtres spirituels sont-ils éloignés de la portée de nos sens et ne peuvent être cherchés et trouvés que par des moyens spirituels ! Si tu interroges donc la foi, ne donne-t-elle pas l’assurance que ton bon ange est toujours présent ? Oui, je l’affirme, la foi t’en donne la preuve, parce que selon l’apôtre elle est une preuve et une conviction des réalités qu’on ne voit pas (He 11,1). Sois donc assuré que nos bons anges sont toujours là, non seulement avec nous, mais pour nous. Ils sont près de nous pour nous protéger et pour nous servir.

Que rendras-tu donc au Seigneur pour tout ce qu’il t’a donné ? (Ps 115,12) A lui seul l’honneur et la gloire, puisque que c’est lui qui a commandé à ses anges de nous garder ; c’est lui qui nous les a donnés. Tout don parfait ne peut venir que de lui (Jc 1,17).

Saint Bernard, 12e sermon sur le psaume 90

Anges gardiens (2)

« Leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père »

Mes frères, nos anges gardiens sont nos plus fidèles amis, parce qu’ils sont avec nous le jour, la nuit, dans tout le temps et dans tous les lieux ; la foi nous apprend que nous les avons toujours à nos côtés. C’est ce qui fait dire à David : « Rien ne pourra nous nuire, parce que le Seigneur a commandé à ses anges d’avoir soin de nous » (Ps 90,11). Et pour montrer combien sont grands les soins qu’ils prennent de nous, le prophète dit qu’ils nous portent entre leurs mains, comme une mère porte son enfant. Ah ! C’est que Dieu prévoyait les dangers sans nombre auxquels nous serions exposés sur la terre, au milieu de tant d’ennemis, qui tous ne cherchent que notre perte. Oui, ce sont nos bons anges qui nous consolent dans nos peines, qui nous avertissent quand le démon vient nous tenter, qui présentent à Dieu nos prières et toutes nos bonnes actions, qui nous assistent à la mort et présentent nos âmes à leur souverain juge…

Depuis le commencement du monde, le commerce des anges avec les hommes est si fréquent que l’Écriture sainte en fait mention à tout instant… Presque tous les patriarches et les prophètes ont été instruits par les anges des volontés du Seigneur. Souvent même, nous voyons que Dieu s’est fait représenter par des anges. Mais, me direz-vous, si on les voyait, l’on aurait bien plus de confiance ? Si cela eût été nécessaire au salut de notre âme, le bon Dieu les aurait rendus visibles. Mais cela importe peu ; car dans notre religion, nous ne connaissons que par la foi, et cela, afin que toutes nos actions soient plus méritoires…

Si vous désirez savoir le nombre des anges, leur fonction, je vous dirai qu’ils sont sans nombre : les uns sont créés pour honorer Jésus Christ dans sa vie cachée, souffrante et glorieuse, ou pour être les gardiens des hommes, sans cesser pour cela de jouir de la présence divine. Les autres s’occupent à contempler les perfections de Dieu ou bien veillent à notre conservation, en nous fournissant tous les moyens nécessaires à notre sanctification. Quoique le bon Dieu se suffise à lui-même, il emploie néanmoins, pour gouverner le monde, le ministère de ses anges.

Saint Jean-Marie Vianney, Sermon pour la fête des Saints Anges Gardiens

L’aumône est un trésor inépuisable dans les cieux

Il n’est point de péché que l’aumône ne puisse effacer, c’est un remède efficace pour toutes les blessures. Or, on ne fait pas seulement l’aumône en donnant de l’argent, mais en faisant des œuvres de charité, en défendant le faible, en guérissant les malades, en donnant un sage conseil.

Sans l’aumône en effet, il est impossible de posséder le royaume ; une source qui retient ses eaux, se corrompt, il en est de même de ceux qui conservent leurs richesses pour eux-mêmes.

Saint Jean Chrysostome, Homélies sur les Evangiles

Des bienfaits de l’aumône

Voyez, le Christ ne commande pas, il prie, il est dans le besoin. « J’ai eu faim, dit-il, et vous ne m’avez pas donné à manger. » Pour l’amour de nous il a voulu être dans le besoin; il a voulu vous obtenir la grâce de semer en quelque sorte ses dons terrestres, afin que vous puissiez moissonner la vie éternelle. Ne vous laissez aller ni à la paresse ni à une fausse sécurité.

Saint Augustin, Sermon IX

Acte d’abandon

Le jour de la Conception Immaculée de la Sainte Vierge, j’ai résolu de m’abandonner tellement à Dieu, qui est toujours en moi, et en qui je suis et je vis, que je ne me mette nullement en peine de ma conduite, non seulement extérieure mais même intérieure, reposant doucement entre ses bras, sans craindre ni tentation, ni illusion, ni prospérité, ni adversité, ni mes mauvaises inclinations, ni mes fautes même, espérant qu’il conduira tout par sa bonté et sa sagesse infinie, de telle sorte que tout réussira à sa gloire ; de ne vouloir ni être aimé, ni être soutenu de personne, voulant avoir en lui et mon père, et ma mère, et me frères, et mes amis, et tout ce qui pourrait avoir pour moi quelque sentiment de tendresse. Il me semble qu’on est bien à son aise en un asile si sûr et si doux, et que ne j’y dois craindre ni les hommes, ni les démons, ni moi-même, ni la vie, ni la mort. Pourvu que Dieu m’y souffre, je suis heureux.

S. Saint Claude La Colombière, (J.S. 98)