Ascension du Seigneur
Évangile selon saint Marc (16, 14-20)
En ce temps-là, Jésus se montra aux onze disciples, alors qu’ils étaient à table, et leur reprocha leur incrédulité et leur obstination à ne pas croire ceux qui l’avaient vu ressuscité. Puis, il leur dit : « Allez dans le monde entier, proclamez l’évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné. Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils expulseront les démons ; ils parleront des langues nouvelles, ils saisiront les serpents et, s’ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera aucun mal ; ils imposeront les mains aux malades, et ceux-ci seront guéris. » Après leur avoir ainsi parlé, le Seigneur fut enlevé, au ciel et s’en alla siéger à la droite de Dieu. Pour eux, ils partirent prêcher partout avec l’assistance du Seigneur, qui confirmait la parole par les miracles qui l’accompagnaient.
Aujourd’hui, bien-aimés, s’achèvent les jours de la sainte quarantaine qui ont suivi la bienheureuse et glorieuse Résurrection de notre Seigneur Jésus Christ quand il releva le troisième jour par la puissance divine, le vrai temple de Dieu que l’impiété judaïque avait détruit. Cette période établie par une économie très sacrée, a servi utilement à notre instruction, car, en prolongeant durant tout ce temps sa présence corporelle, le Seigneur donnait ainsi les preuves nécessaires à la foi en sa Résurrection.
La mort du Christ, en effet, avait profondément troublé le cœur des disciples. Leurs esprits étaient appesantis de tristesse par le supplice de la croix, le dernier soupir, et la mise au tombeau du corps inanimé. Une sorte de torpeur née du manque de foi s’était insinuée en eux. Aussi les très saints Apôtres et tous les disciples que la mort sur la croix avait rendu tremblants et qui avaient hésité à croire à la Résurrection, furent à ce point fortifiés par l’évidence de la vérité qu’ils ne furent affectés d’aucune tristesse, lorsque le Seigneur partit pour les hauteurs des cieux, mais qu’ils furent même remplis d’une grande joie.
Grande et ineffable était en vérité la cause de leur joie ! En présence d’une sainte multitude, la nature humaine accédait à une dignité plus haute que celle des créatures célestes. Elle allait dépasser les chœurs angéliques et s’élever au-delà de la sublimité des archanges, elle ne trouverait à aucun niveau, si haut fût-il, la mesure de son exaltation jusqu’à ce que, admise à siéger près du Père éternel, elle soit associée sur le trône à la gloire de celui qui l’avait unie dans son Fils à sa propre nature.
L’Ascension du Christ est donc notre propre élévation et là où a précédé la gloire de la tête, là aussi est appelée l’espérance du corps. Laissons éclater notre joie comme il convient, bien-aimés, et réjouissons-nous dans une sainte action de grâces. Aujourd’hui, en effet, non seulement nous sommes confirmés dans la possession du paradis, mais, en la personne du Christ, nous avons même pénétré les hauteurs des cieux ; par la grâce ineffable du Christ, nous avons obtenu plus que nous n’avions perdu par la haine du diable. Car les hommes qu’un ennemi venimeux a exclus du bonheur de leur premier séjour, le Fils de Dieu se les est incorporés pour les placer ensuite à la droite du Père avec lequel il vit et règne, dans l’unité du Saint-Esprit, car il est Dieu pour les siècles des siècles. Amen.
Dieu et les hommes sont devenus une seule race. Voilà pourquoi saint Paul a dit : « Nous sommes de la race de Dieu » (Ac 17, 29). Il dit encore ailleurs : « Nous sommes le corps du Christ et, chacun pour sa part, les membres de sa chair » (1Co 12, 27). C’est-à-dire : Nous sommes devenus sa parenté, par la chair qu’il a assumée. Nous avons donc, grâce à lui, une garantie au ciel : la chair qu’il a prise de nous, et ici-bas : l’Esprit Saint qui demeure en nous… Comment vous étonnez-vous que l’Esprit Saint est à la fois avec nous et au ciel, quand le corps du Christ est en même temps au ciel et avec nous ? Le ciel a possédé ce corps sacré et la terre a reçu l’Esprit Saint. Le Christ est venu et a apporté le Saint Esprit, puis il est monté au ciel et y a emmené notre corps… Quel plan divin redoutable et étonnant ! Comme disait le prophète : « Seigneur notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre ! » (Ps 8, 2)…
La divinité a été élevée. Il est dit exactement : « Ils le virent s’élever » (Ac 1, 9), lui qui est grand en tout, le grand Dieu, le grand Seigneur, qui est aussi « le grand roi sur toute la terre » (Ps 46, 3). Grand prophète, grand prêtre, grande lumière, il est grand en toute chose. Et non seulement il est grand par sa divinité, mais aussi selon la chair, car il est grand prêtre et grand prophète. Comment cela ? Écoutez saint Paul : « En lui nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a pénétré au-delà des cieux. Demeurons fermes dans la foi » (He 4, 14). Car, s’il est grand prêtre et grand prophète, il est bien vrai que « Dieu a visité son peuple, et qu’il a suscité un grand prophète en Israël » (Lc 7, 16). S’il est un grand prêtre, un prophète, un grand roi, il est aussi une grand lumière : « La Galilée des nations, le peuple qui marchait dans les ténèbres, a vu une grande lumière » (Is 9, 1s ; Mt 4, 15). Nous avons donc le gage de notre vie dans le ciel, où nous sommes montés avec le Christ.