L’HISTOIRE DE L’ÉGLISE RACONTÉE À MES ENFANTS

Les origines de l’Église
Benoît (8 ans), Thérèse (10 ans), Pierre (15 ans) et Sophie (17 ans) entourent leur père qui leur raconte l’histoire de l’Église.
Les origines de l’Église
Benoît — Papa, puisque nous avons fini l’histoire des moines, peut-être pourrais-tu nous raconter l’histoire de l’Église ?
Le père — Bonne idée, Benoît ! Tu sais, pendant longtemps, l’Église a été une petite barque qui prenait l’eau. Attaquée de partout. Par la force brutale des pouvoirs juif et romain, par l’ironie des intellectuels et par l’hérésie qui la ronge du dedans. Mais Jésus ne laisse pas son Église seule. Quand elle a peur et va couler, il étend la main et la sauve.
Sophie — À quand faire remonter les origines de l’Église ?
Le père — Les premiers chrétiens considéraient qu’elle plongeait ses racines au moins jusqu’à Abraham à qui Dieu a promis : « Toutes les nations seront bénies en celui qui sortira de toi [le Christ]. » Mais il est plus juste de penser que c’est Jésus qui a fondé l’Église quand il a réuni autour de lui le groupe des douze apôtres, et quand il a fondé la primauté sur Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Par sa mort sur la croix, il a ouvert la source du salut que l’Église aura pour mission de prêcher et de répandre dans les sacrements. Sa résurrection, que les apôtres n’attendaient pas, leur rend la foi ébranlée par la mort de Jésus. Ainsi ils restent bien fragiles…
Pierre — Jusqu’à la Pentecôte…
Le père — Oui, on estime que l’Église est née à la Pentecôte. Dans un livre qui ne nous raconte qu’un tout petit fragment de l’histoire des origines (les Actes des apôtres), saint Luc nous en donne un récit objectif.
Pierre — La date de naissance de l’Église serait donc la Pentecôte, cinquante jours après la résurrection de Jésus, qui eut lieu un mois d’avril du début des années trente.
Sophie — Une fameuse journée… Un grand bruit, « comme d’un vent violent », avec les langues de feu qui se posent sur les cent vingt disciples présents autour de la Vierge Marie.
Le père — C’est l’effusion de l’Esprit créateur et sanctificateur promis par les prophètes et par Jésus lui-même : « et ils furent tous remplis du Saint-Esprit ». Ce don avec son effet de conversion des âmes sera sans cesse renouvelé : « un seul et même Esprit qui distribue à chacun ses dons comme il veut ». Par l’envoi de l’Esprit Saint est fondée l’Église : les disciples rassemblés au cénacle deviennent le Corps mystique du Christ.
Benoît — Et plein de gens se convertissent…
Le père — Oui, la fête a amené à Jérusalem des Juifs de « toutes les nations qui sont sous le ciel ». Le bruit qui a retenti au cénacle les fait accourir : ils sont dans la stupeur en entendant les disciples parler dans la propre langue de chacun, trois mille hommes sont convertis et baptisés. Bientôt cinq mille ! Les néophytes étrangers rentrent dans leurs pays d’origine où ils seront les premiers missionnaires de la nouvelle foi. Ils répandront la semence évangélique à travers tout le monde romain.
Benoît — C’était grand comment, l’Empire romain ?
Le père — Tout le tour de la Méditerranée depuis le Sahara jusqu’à la future Écosse, de l’Euphrate (Irak) à l’actuelle Bretagne.
Benoît — Et combien d’habitants ?
Le père — Sans doute à peu près 50 millions avec 5 millions de Juifs qui ont été dispersés dans tout l’Empire depuis 5 siècles (la diaspora).
Thérèse — Est-ce qu’on sait comment vivaient les premiers chrétiens ?
Le père — Saint Luc nous décrit leur vie : ils continuent à observer la loi juive mais dans un esprit tout autre : « … louant Dieu et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés ».
Pierre — Quelle était leur organisation ?
Le père — Les apôtres apparaissent comme les chefs. Ils sont avant tout les témoins du Christ, mais ils sont aussi les guides spirituels, et même les administrateurs de la chrétienté ; ils devront bientôt se décharger de ce souci sur les diacres. Leur action extérieure se manifeste dans les discours de saint Pierre. Mais leur influence quotidienne est sans doute plus discrète : ils racontent la vie de Jésus et répercutent ses enseignements, ses miracles. La fraction du pain (la messe) se déroule « à la maison » en même temps que des repas liturgiques où se pratique l’assistance mutuelle. Saint Luc a cette phrase magnifique : « Ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme, et ils mettaient tout en commun. »
Sophie — Au moins, c’était chaleureux, ce n’est pas comme certaines paroisses de nos jours…
Le père — Oui, en tout cela se manifeste une vie très intense sous une autorité hiérarchique qui s’impose à tous. Les chrétiens de bonne volonté se serrent autour d’elle. Ceux qui essayent de la frauder mentent « au Saint-Esprit » et sont frappés de mort.
Sophie — Eh bien ! Rien que ça !
Le père — L’Église entière a conscience de cette direction constante de l’Esprit et s’y appuie : les décisions les plus graves sont prises selon que l’Esprit de Jésus l’inspire. Cela donne à l’Église naissante une souplesse conquérante qui révèle, même aux gens du dehors, le trésor de vie qu’elle possède.
Sophie — Donc rien à voir avec un enthousiasme de façade…
Le père — Non, l’Église des origines n’a survécu que par son union profonde avec le Christ et l’Esprit Saint dans la conviction inébranlable de la résurrection.