Charité envers Dieu et son prochain

Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu. Pour que vous compreniez le sens de cette parole, je vais vous donner une image tirée des Pères : Supposez un cercle tracé sur la terre, c’est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle c’est le monde, le centre Dieu, et les rayons les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu. Et vous comprenez qu’il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur : il est évident alors que, plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu. Telle est la nature de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l’extérieur et que nous n’aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l’éloignement à l’égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous communions à la charité du prochain ; et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu.

Dorothée de Gaza, Instructions, VI, 76-78

Cœur pur

Rien ne fait plus pencher Dieu vers la tendresse et la miséricorde que la pureté de cœur et d’affection.

La pureté du cœur est comme l’œil par lequel nous voyons Dieu, et nous devons apporter à lui conserver sa candeur tout le soin que réclame la grandeur de l’objet que son regard doit contempler.

Saint Augustin
 

Ceux-là ont vraiment le cœur pur, qui méprisent les biens de la terre et désirent ceux du ciel.

Saint François d’Assise

Pour garder le pureté du cœur, il faut soumettre à une exacte discipline les sens extérieurs.

Saint Grégoire le Grand

Quand on a le cœur pur, le Christ vient y prendre ses repas.

Saint Jean Chrysostome

« Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison »

Recevons le Christ dans l’eucharistie comme l’a fait Zachée, le bon publicain…; il s’est empressé de descendre de l’arbre et avec bonheur il a reçu Jésus dans sa maison. Mais il ne s’est pas contenté de l’accueillir avec une joie éphémère, fruit d’un attachement superficiel…: il en a donné la preuve par des œuvres de vertu. Il s’est mis en devoir de dédommager tout de suite toutes les personnes à qui il avait fait tort, et cela non pas chichement, mais au quadruple ; et il s’est engagé en outre à distribuer tout de suite aux pauvres la moitié de tout ce qu’il possédait — sur-le-champ, remarquez bien, tout de suite, sais attendre le lendemain…

Avec le même empressement, la même spontanéité, la même allégresse, la même joie spirituelle qui étaient ceux de cet homme le recevant chez lui, que notre Seigneur nous accorde la grâce de recevoir son corps et son sang très saints, son âme bénie et sa divinité toute-puissante, tant dans notre âme que dans notre corps. Et que le fruit de nos bonnes œuvres puisse rendre témoignage que nous le recevons dignement, avec cette foi totale et ce ferme propos de bien vivre qui s’imposent à ceux qui communient. Alors Dieu…dira sur notre âme comme jadis sur celle de Zachée : « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison ».

Saint Thomas More

Les bienfaits de la confession

Si Dieu veut que nous confessions nos péchés, ce n’est pas que lui-même ne pourrait les connaître ; mais c’est parce que le diable souhaite trouver de quoi nous accuser devant le tribunal du Juge éternel : aussi voudrait-il que nous pensions plutôt à excuser nos péchés qu’à les accuser. Notre Dieu, au contraire, parce qu’il est bon et miséricordieux, veut que nous les confessions en ce monde, pour que nous ne soyons pas confondus à cause d’eux, ensuite, dans l’autre. Si donc nous confessons, lui, il épargne ; si nous avouons, lui, il pardonne.
St Césaire d’Arles, Sermon LIV

Les effets de la contrition

La moindre contrition efface toutes les taches de l’âme, détruit la mort éternelle, nous attire l& bénédiction de Dieu le Père, nous fait recouvrer l’amitié avec le Fils de Dieu et la familiarité de l’Esprit-Saint, et rétablit la société des citoyens du ciel.

St Albert le Grand, De Paradiso animæ

Une contrition accompagnée de larmes obtient la rémission des péchés, parce que les péchés sont pardonnés quand leur souvenir nous fait verser des pleurs.

St Bernard

Livrez-vous à la douleur quand vous péchez, non parce que vous êtes rendus dignes de châtiments, mais parce que vous vous avez offensé votre Seigneur, qui s’est montré si bon pour vous, qui vous aime tant, qui désire tant votre salut, qu’il a consenti à livrer son Fils pour vous. Oh ! poussez donc de profonds gémissements, et ne cessez jamais.

St Jean Chryostome

La contrition du cœur

Il est écrit : “Le Seigneur est près de ceux qui ont un cœur contrit” (Ps. 33,19). Cette contrition du coeur, c’est la piété, l’humilité. L’homme contrit se fâche contre lui-même. Qu’il soit en guerre avec lui-même, afin d’être en paix avec Dieu; qu’il soit son propre juge, afin d’avoir Dieu pour défenseur.

Saint Augustin

De la vraie contrition

La troisième condition que demande ce sacrement pour que vous obteniez le pardon de vos péchés, c’est la contrition, c’est-à-dire le regret de les avoir commis, avec la résolution sincère de ne plus les commettre, et un désir véritable de fuir tout ce qui peut vous y faire retomber. Cette contrition vient du ciel et elle ne nous est donnée que par la prière et les larmes; prions donc et pleurons en pensant que ce défaut de contrition est celui qui damne le plus de monde.

L’on accuse bien ses péchés; mais souvent le cœur n’y est pour rien. L’on conte ses péchés comme l’on conterait une histoire indifférente : nous n’avons pas cette contrition, puisque nous ne changeons pas de vie. Nous avons tous les ans, tous les six mois, tous les mois ou trois semaines, ou tous les huit jours, si vous voulez, même péché, même défaut; nous marchons toujours dans le même chemin : point de changement dans notre manière de vivre. D’où peuvent venir tous ces malheurs qui précipitent tant d’âmes dans les enfers, sinon du défaut de contrition ? Et comment pouvoir espérer de l’avoir, puisque souvent nous ne la demandons pas seulement à Dieu, ou que nous la demandons sans presque désirer de l’avoir ? Si vous ne voyez point de changement dans votre conduite, c’est-à-dire, si vous n’êtes pas meilleurs après tant de confessions et de communions, revenez sur vos pas afin que vous reconnaissiez votre malheur avant qu’il n’y ait plus de remède.

Il faut, pour nous donner l’espérance que nos confessions sont faites avec de bonnes dispositions, il faut, en nous confessant, nous convertir : sans cela, ce que nous faisons ne fait que nous préparer toutes sortes de malheurs pour l’autre vie.

Curé d’Ars, Sermon 4ème dimanche de l’Avent.

La croix

Nous devrions courir après la croix, comme l’avare court après l’argent.

Le Bon Dieu veut que nous ne perdions jamais de vue la croix; aussi, comme dans les campagnes, il la place partout le long de nos chemins.

La croix embrasse le monde; elle est plantée aux quatre coins de l’univers; il y en a un morceau pour tous.

Les croix, transportées dans les flammes de l’amour, sont comme un fagot d’épines que l’on jette au feu, et que le feu réduit en cendres. Les épines sont dures, mais les cendres sont douces.

Les épines suent le baume et la croix transpire la douceur. Mais il faut prendre les épines dans sa main et serrer la croix sur son cœur pour qu’elles distillent le suc que est en elles.

Les contradictions nous mettent au pied de la croix, et la croix à la porte du ciel.

 
Saint Jean-Marie Vianney, Curé d’Ars.