Cinquième dimanche après la Pentecôte
Évangile selon saint Matthieu (5, 20-24)
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : « Si votre Justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne tueras pas ; quiconque tue sera passible de jugement.’ Eh bien ! moi je vous dis : ‘Tout homme qui se met en colère contre son frère sera passible de jugement ; quiconque lui dit : Raca ! sera passible du Sanhédrin ; quiconque lui dit : Fou ! sera passible de la géhenne de feu.’ Si donc tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; tu viendras alors présenter ton offrande. »
Voici ce que je proclame, ce que j’atteste, ce que je dis à voix retentissante : Qu’aucun de ceux qui ont un ennemi n’approche de la table sainte et ne reçoive le Corps du Seigneur ! Qu’aucun de ceux qui s’approche n’ait un ennemi ! Tu as un ennemi ? N’approche pas ! Si tu veux le faire, alors, va d’abord te réconcilier, puis reçois le sacrement.
Ce n’est pas moi qui parle ainsi, c’est le Seigneur qui le dit, lui qui a été crucifié pour nous ; pour te réconcilier à son Père, il n’a pas refusé d’être immolé ni de répandre son sang ; et toi, pour te réconcilier avec ton frère, tu ne veux même pas dire un mot, et prendre l’initiative d’aller le trouver ? Écoute ce que dit le Seigneur à propos de ceux qui te ressemblent : « Si tu présentes ton offrande à l’autel, et que là, tu te rappelles que ton frère a quelque chose contre toi … » Il ne dit pas : « Attends qu’il vienne te trouver, ou qu’il reçoive la visite d’un de tes amis comme réconciliateur », ou encore : « Envoie-lui quelqu’un d’autre », mais bien : « Toi, en personne, cours vers lui ! » « Va-t-en, dit-il, va d’abord te réconcilier avec ton frère. »
Incroyable ! Alors que Dieu ne se tient pas pour déshonoré de voir laissé de côté le don qu’on allait lui offrir, toi, tu t’estimerais déshonoré de faire le premier pas pour te réconcilier avec ton frère ? Où trouver une excuse à pareille conduite ? Lorsque tu vois l’un de tes membres coupé, n’essaies-tu pas, par tous les moyens, de le réunir au reste de ton corps ? Agis ainsi pour tes frères : lorsque tu les verras séparés de ton amitié, vite, ramène-les, n’attends pas qu’ils se présentent les premiers, mais toi, le premier, hâte-toi de réussir.
L’Église n’existe pas pour que nous restions divisés en y venant, mais bien pour que nos divisions y soient éteintes ; c’est le sens de l’assemblée. Si c’est pour l’eucharistie que nous venons, ne posons donc aucun acte qui contredise l’eucharistie, ne faisons pas de peine à notre frère. Vous venez rendre grâce pour les bienfaits reçus : ne vous séparez pas de votre prochain.
C’est à tous sans distinction que le Christ offre son corps en disant : « Prenez et mangez en tous ». Pourquoi n’admettez-vous pas tous à votre propre table ?… Vous faites mémoire du Christ, et vous dédaignez le pauvre ?… Vous prenez part à ce repas divin ; vous devez être le plus compatissant des hommes. Vous avez bu le sang du Seigneur et vous ne reconnaissez pas votre frère ? Même si vous l’avez méconnu jusque-là, vous devez le reconnaître à cette table. Il nous faut tous être dans l’Église comme dans une commune maison : nous ne formons qu’un seul corps. Nous n’avons qu’un même baptême, une même table, une même source, et aussi un seul Père. (cf Ep 4,5;1Co 10,17)