Dimanche de la Pentecôte
Évangile selon saint Jean (14, 23-31)
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles ; et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé. Je vous ai dit ces choses, quand je demeurais auprès de vous. Mais c’est le Défenseur, l’Esprit-Saint qu’enverra le Père en mon nom, qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble ni ne s’effraie. Vous avez entendu que je vous ai dit : ‘Je m’en vais, et je reviens à vous.’ Si vous m’aimez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit cela maintenant, avant que cela n’arrive, afin qu’au jour où cela arrivera, vous croyiez. Je ne m’entretiendrai plus guère avec vous, car le Prince de ce monde vient. Contre moi, certes, il ne peut rien, mais il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais ce que le Père m’a prescrit. »
Sept semaines après la résurrection, le cinquantième jour, « les disciples étant réunis avec les femmes et Marie la Mère de Jésus, tout à coup un bruit vint du ciel semblable au bruit d’un vent qui souffle avec force » (Cf. Ac 1, 14 ; 2, 1-2).
L’Esprit descendit alors sur cette troupe de cent vingt personnes et apparut sous la forme de langues de feu, parce qu’il allait donner la parole à leur bouche, la lumière à leur intelligence et l’ardeur à leur amour. Tous furent remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en diverses langues selon l’inspiration de ce même Saint-Esprit. Il leur enseigna toute vérité, les enflamma du parfait amour et les confirma en toute vertu. Aussi, aidés de sa grâce, illuminés par sa doctrine et fortifiés par sa puissance, bien que peu nombreux et simples, « ils plantèrent l’Église au prix de leur sang », [Brev. Rom.] dans le monde entier, tantôt par des discours enflammés, tantôt par de parfaits exemples, tantôt par de prodigieux miracles.
Cette Église purifiée, illuminée et amenée à perfection par la vertu de ce même Esprit-Saint, se rendit aimable à son Époux, si bien qu’elle apparut toute belle, admirable par ses ornements variés, et au contraire terrible, comme une armée rangée en bataille, à Satan et à ses anges.
Selon le dessein de Dieu, au commencement, l’Esprit de Dieu a rempli l’univers, « déployant sa vigueur d’un bout du monde à l’autre et gouvernant toute chose avec douceur » (Sg 8, 1). Mais, en ce qui concerne son œuvre de sanctification, c’est à partir de ce jour de Pentecôte que « l’Esprit du Seigneur a rempli l’univers » (Sg 1, 7). Car c’est aujourd’hui que cet Esprit de douceur est envoyé par le Père et le Fils pour sanctifier toute créature selon un plan nouveau, une manière nouvelle, une manifestation nouvelle de sa puissance et de sa force.
Auparavant « l’Esprit n’avait pas été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (Jn 7, 39)… Aujourd’hui, venant du séjour céleste, l’Esprit est donné aux âmes des mortels avec toute sa richesse, toute sa fécondité. Ainsi cette rosée divine s’étend sur toute la terre, dans la diversité de ses dons spirituels. Et il est juste que la plénitude de ses richesses ait ruisselé pour nous du haut du ciel, puisque peu de jours auparavant, par la générosité de notre terre, le ciel avait reçu un fruit d’une merveilleuse douceur… L’humanité du Christ, c’est toute la grâce de la terre ; l’Esprit du Christ, c’est toute la douceur du ciel. Il s’est donc produit un échange très salutaire : l’humanité du Christ est montée de la terre au ciel ; aujourd’hui, du ciel est descendu vers nous l’Esprit du Christ…
C’est partout que l’Esprit Saint agit ; c’est partout que l’Esprit prend la parole. Sans doute, avant l’Ascension, l’Esprit du Seigneur a été donné aux disciples lorsque le Seigneur leur a dit : « Recevez le Saint Esprit. Tous ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ». Mais, avant la Pentecôte, on n’a pas entendu la voix de l’Esprit Saint, on n’a pas vu briller sa puissance. Et sa connaissance n’est pas parvenue aux disciples du Christ, qui n’avaient pas été confirmés en courage, puisque la peur les obligeait encore à se cacher dans une salle fermée à clé. Mais à partir de ce jour, « la voix du Seigneur domine les eaux…, elle taille des lames de feu… et tous s’écrient : Gloire ! » (Ps 28, 3-9)