Dimanche de la Sexagésime
Évangile selon saint Luc (8, 4-15)
Tu es le serviteur du Dieu saint, un gérant en faveur de tes compagnons de service. Ne crois pas que tous les biens que tu possèdes sont destinés à ta propre consommation… Imite la terre, homme ; porte des fruits comme elle ; ne te montre pas plus dur qu’une matière inanimée. La terre ne mûrit pas ses fruits pour en jouir elle-même, mais pour être utile à ton service. Et toi, c’est toi en fait qui recueilles les fruits de ta générosité, puisque la récompense des bonnes actions retombe sur ceux qui les accomplissent. Tu as donné à manger à l’affamé ; ce que tu as donné revient vers toi, avec des intérêts.
Comme le grain jeté dans le sillon profite au semeur, de même le pain tendu à l’affamé te rapporte un gain immense, plus tard. Quand donc le temps des moissons arrive sur la terre, c’est le moment pour toi de semer là-haut dans le ciel : « Faites-vous des semailles selon la justice » (Os 10, 12). Pourquoi tant d’inquiétude ? Pourquoi ces soucis et cet empressement à enfermer ton trésor derrière le mortier et les briques ? « Le bon renom est plus désirable que de grandes richesses » (Pr 22, 1).
Frères, nous devons veiller à ce que la Parole sortie de la bouche du Père et venue jusqu’à nous par l’intermédiaire de la Vierge Marie ne s’en retourne pas vide, mais à ce que nous lui rendions, par cette même Vierge, grâce pour grâce. Ramenons donc à notre esprit sans arrêt le souvenir du Père, aussi longtemps que nous serons réduits à soupirer après sa présence. Faisons remonter à leur source, par Marie, les flots de la grâce, afin qu’ils en reviennent plus abondants…
Vous donc, qui vous souvenez du Seigneur, ne gardez pas le silence à son égard. Ceux qui jouissent de sa présence n’ont pas besoin d’être ainsi avertis ; mais ceux qui vivent dans la foi doivent être exhortés à ne pas répondre à Dieu par le silence. Car le Seigneur parle, il adresse des paroles de paix à son peuple, à ses saints, à ceux qui rentrent en eux-mêmes. Il écoute ceux qui l’écoutent ; il parlera à ceux qui lui parlent. Autrement lui aussi, il gardera le silence, si vous vous taisez, si vous ne le glorifiez pas. « Ne vous taisez donc pas, ne répondez pas au Seigneur par le silence, jusqu’à ce qu’il établisse la louange de Jérusalem sur la terre. » (Is 52, 6-7) Car la louange de Jérusalem est douce et belle, à moins de penser que les anges qui l’habitent s’enchantent mutuellement de leur louange et n’y trouvent qu’un sujet de vanité…
Mais, quelle que soit l’offrande que vous présentez à Dieu, souvenez-vous de la confier à Marie, pour que vos actions de grâces remontent à l’auteur de la grâce par le même canal qui vous l’a apportée. Ayez bien soin de présenter à Dieu le peu que vous avez à lui offrir par les mains très agréables et très dignes de Marie.