Deuxième dimanche après Pâques
Évangile selon saint Jean (10, 11-16)
Le bon Pasteur, (…) dans la parabole du berger et de la centième brebis perdue, cherchée avec tant de soin, enfin retrouvée et rapportée joyeusement sur ses épaules, montre en une tendre image, quels sont les soins de sa sollicitude et quelle est sa clémence pour les brebis perdues : sa parole formelle le déclare expressément : « Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11), ce qui est vraiment l’accomplissement de la prophétie : « Il paîtra son troupeau comme un berger » (Is 40, 11).
Dans ce but, supportant travaux, soucis et faim, pièges des pharisiens et périls de toute espèce, annonçant le royaume de Dieu, parcourant les cités et les bourgades, passant les nuits dans la veille en oraison et, sans être arrêté par le murmure ou le scandale des pharisiens, se montrant affable aux publicains, Il affirma « qu’Il était venu en ce monde pour les malades » (Mt 9, 12), et témoigna aux pénitents une affection paternelle, leur montrant large ouvert le sein de la miséricorde divine.
Évoquons les témoins de ces choses et citons aux yeux de tous : Matthieu, Zachée, la pécheresse prosternée à ses pieds et la femme surprise en adultère. Comme Matthieu, deviens le parfait disciple de ce pasteur si bon ; comme Zachée, donne-lui l’hospitalité ; comme la pécheresse, oins de parfum et arrose de larmes ses pieds, essuie-les de tes cheveux et caresse-les de tes baisers, afin de pouvoir entendre la sentence d’absolution, avec la femme présentée à son jugement : « Personne ne t’a condamnée ? Moi non plus, je ne te condamnerai point. Va et ne pèche plus » (Jn 8, 10-11).
Il y a sans doute plusieurs bons pasteurs. Comment donc se fait-il que Jésus parle comme s’il était le seul bon Pasteur ? Remarquons d’abord avec l’Écriture que le martyre même ne servant de rien sans la charité, on n’est pas bon pasteur pour avoir répandu son sang ; il faut l’avoir répandu par charité et conséquemment dans l’unité. Maintenant, si le Fils de Dieu, après avoir institué lui-même d’autres bons pasteurs, semble se dire le seul bon Pasteur, c’est pour nous apprendre que tous les autres doivent relever de lui et par conséquent vivre dans l’unité entre eux comme avec lui.
Nous venons d’entendre Notre-Seigneur Jésus nous prêcher les devoirs d’un bon pasteur et par conséquent nous avertir ainsi qu’il y a de bons pasteurs. Afin toutefois d’écarter de notre esprit toute idée fausse sur la pluralité des pasteurs, il ajoute : « Je suis le bon pasteur. » Comment est-il le bon pasteur ? Le voici : « Le bon pasteur, dit-il, donne sa vie pour ses brebis. Quant au mercenaire, quant à celui qui n’est pas réellement pasteur, il voit venir le loup et s’enfuit, parce qu’étant mercenaire il ne prend point souci des brebis. » Le Christ est donc le bon pasteur.
Et Pierre ? N’est-il pas aussi bols pasteur ? Lui aussi n’a-t-il pas donné sa vie pour ses brebis ? Et Paul ? Et les autres Apôtres ? Et les bienheureux évêques martyrs qui leur ont succédé ? Tous n’étaient-il pas de bons pasteurs, au lieu d’être de ces mercenaires dont il est dit : « En vérité je vous le déclare, ils ont reçu leur récompense ? » Tous ces grands hommes étaient donc de bons pasteurs ; ce qui le prouve, ce n’est pas seulement qu’ils ont versé leur sang, c’est qu’ils l’ont versé en faveur de leurs brebis. Ce n’est pas l’orgueil, c’est la charité qui les a portés à le répandre.