Dix-huitième dimanche après la Pentecôte
Évangile selon saint Matthieu (9, 1-8)
En ce temps-là, montant en barque, Jésus refit la traversée et vint dans sa ville. Et voici qu’on lui présenta un paralytique étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : « Courage, mon fils ! tes péchés te sont remis. » Quelques scribes alors se dirent en eux-mêmes : « Cet homme blasphème ! » Mais Jésus, qui connaissait leurs pensées, leur dit : « Pourquoi ces pensées méchantes en vos cœurs ? Quel est le plus facile, de dire : ‘Tes péchés te sont remis’, ou de dire : ‘Lève-toi et marche ?’ Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur terre de remettre les péchés… je te l’ordonne, dit-il alors au paralytique, lève-toi, prends ton lit et va chez toi. » Et, se levant, il s’en alla chez lui. À cette vue, les foules furent saisies de crainte, et elles glorifièrent Dieu, qui avait donné aux hommes un tel pouvoir.
Disons cependant que la foi de ce paralytique concourait aussi pour demander sa guérison, car s’il n’avait eu la foi, il n’aurait pas consenti à ce qu’on le descendît ainsi aux pieds de Jésus. (…)
Lorsque nous sommes atteints de souffrances corporelles, nous nous empressons bien vite de les faire cesser ; si, au contraire, notre âme vient à être malade, nous différons de recourir aux remèdes, et c’est pour cela que nous n’obtenons pas la guérison de nos infirmités corporelles. Retranchons donc courageusement la source du mal, et le cours de ces infirmités s’arrêtera. Or, les pharisiens, dans la crainte de la multitude, n’osaient manifester leurs pensées, ils se contentaient de s’en occuper dans leurs cœurs : « Et ils commencèrent à dire en eux-mêmes : Qui est celui qui profère des blasphèmes ? »
« Lève-toi, viens » : quelle puissance dans cet ordre ! La voix de Dieu est véritablement une voix de puissance, comme dit le psalmiste : « Voici qu’il élève la voix, voix de puissance » (Ps 67,34), et : « Lui parle, ceci est. Lui commande, ceci existe. » (Ps 32,9) Dans notre texte aussi il dit à celle qui est couchée : « Lève-toi, viens » ; et sans délai sa parole devient acte. Car à peine a-t-elle reçu la puissance du Verbe qu’elle témoigne le Verbe lui-même qui l’appelle, quand il dit : « Lève-toi, viens, ma bien-aimée, ma belle, ma colombe » (cf. Ct 2,13-14). (…)
De même que l’Épouse avait pris l’apparence du serpent, lorsqu’elle gisait à terre et fixait les yeux sur lui, de même, dès qu’elle s’est levée et a tourné son visage vers le Bien en tournant le dos au mal, elle prend l’apparence de ce vers quoi elle s’est tournée. Elle se tourne vers la beauté archétype : c’est pourquoi, s’approchant de la lumière, elle devient lumière. Et dans la lumière, elle réfléchit la belle forme de la colombe, je veux dire de cette colombe dont la forme révèle la présence de l’Esprit Saint.