
Beauté de l'humilité (Sainte Faustine)
Beauté de l’humilité
Ô humilité, fleur de beauté, je vois combien peu d’âmes te possèdent – est-ce parce que tu es si belle et en même temps si difficile à conquérir ? Oh oui, et l’un et l’autre. Dieu lui-même y trouve prédilection. Sur l’âme pleine d’humilité sont entrouvertes les écluses célestes et un océan de grâces se déverse sur elle. Oh, qu’elle est belle, l’âme humble ; de son cœur, comme d’un encensoir, monte tout un parfum extrêmement agréable et traverse les nues, et parvient jusqu’à Dieu lui-même, et remplit de joie son très saint cœur. À cette âme Dieu ne refuse rien ; une telle âme est toute-puissante, elle influence le sort du monde entier. Dieu élève une telle âme jusqu’à son trône. Plus elle s’humilie, plus Dieu se penche vers elle, la suit de ses grâces et l’accompagne à chaque moment de sa toute-puissance. Cette âme est très profondément unie à Dieu.
Ô humilité, implante-toi profondément dans tout mon être. Ô Vierge la plus pure, et aussi la plus humble, aide-moi à obtenir une profonde humilité. Je comprends maintenant pourquoi il y a si peu de saints, c’est que peu d’âmes sont vraiment et profondément humbles.
Tu veux devenir grand (Saint Augustin)
Tu veux devenir grand
Tu veux devenir grand, commence par être petit. Tu songes à élever un haut bâtiment, pense d’abord à lui donner pour fondement l’humilité. Plus on veut exhausser une construction, plus important doit être un édifice, plus aussi le fondement doit être profond. On s’élève en construisant une demeure, on s’abaisse en creusant les fondations. Aussi peut-on dire que la maison descend avant de monter, et que la grandeur ne vient qu’après l’humiliation.
Qui s'abaissera sera élevé (Saint Isaac le Syrien)
Qui s’abaissera sera élevé
La providence de Dieu, qui veille à donner à chacun de nous ce qui lui est bon, a mené à nous toutes choses pour nous porter à l’humilité. Car si tu t’enorgueillis des grâces de la providence, celle-ci t’abandonne, et tu retombes… Sache donc qu’il ne t’appartient pas, ni à toi ni à ta vertu, de résister aux tendances mauvaises, mais que seule la grâce te tient dans sa main, pour que tu ne craignes pas… Gémis, pleure, souviens-toi de tes fautes au temps de ton épreuve afin d’être délivré de l’orgueil et d’acquérir l’humilité. Cependant ne désespère pas. Prie Dieu humblement de pardonner tes péchés.
L’humilité, même sans les œuvres, efface beaucoup de fautes. Mais au contraire les œuvres sans elle ne servent à rien ; elles nous préparent même bien des maux. Obtiens donc par l’humilité le pardon de tes injustices. Ce que le sel est à toute nourriture, l’humilité l’est à toute vertu. Elle peut briser la force de nombreux péchés… Si nous la possédons, elle fait de nous des fils de Dieu, et elle nous mène à Dieu sans même le secours des œuvres bonnes. C’est pourquoi en dehors d’elle toutes nos œuvres sont vaines, sont vaines toutes les vertus, et sont vaines toutes les peines.
Le sentiment de notre misère (SainteThérèse d'Avilla)
Le sentiment de notre misère
Il peut bien arriver que ce sentiment si profond de votre misère soit parfois un acte d’humilité, une vertu véritable ; mais parfois aussi ce peut être une très grave tentation. (…) L’humilité, si grande qu’elle soit, n’inquiète pas, ne trouble pas, mais elle est accompagnée de paix, de joie et de repos. (…) Elle ne trouble ni n’étreint l’âme d’aucune angoisse ; elle la dilate, au contraire, et la rend plus apte au service de Dieu. Il n’en est pas ainsi de l’autre peine. Elle trouble tout, elle agite tout ; elle bouleverse complètement l’âme ; elle est remplie d’amertume.
Une petite voie bien droite (Sainte Thérèse de Lisieux)
Une petite voie bien droite
Vous le savez, ma Mère, j’ai toujours désiré d’être une sainte, mais hélas ! j’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints qu’il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants : au lieu de me décourager, je me suis dit : le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables. Je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté ; me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections, mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle. Nous sommes dans un siècle d’inventions, maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur objet de mon désir et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de La Sagesse Éternelle : Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi. Alors je suis venue devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu ! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé : Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus.
Les délices de l’amour (Saint Jean de la Croix)
Les délices de l’amour
Plus l’amour d’une âme est grand, plus cette âme est parfaite en ce qu’elle aime. Elle devient, si l’on peut ainsi parler, tout amour. Ses actions sont amour, ses richesses consistent à l’amour ; elle donne tout ce qu’elle possède, comme le sage négociant de l’Évangile, pour acheter ce trésor d’amour d’un si grand prix, qu’elle trouve caché en Dieu. (…) Semblable à l’industrieuse abeille qui, voltigeant de fleur en fleur, emprunte à chacune d’elles ses parfums les plus suaves, pour les transformer en un miel savoureux, sans en faire jamais un autre usage ; ainsi l’âme, douce d’une merveilleuse facilité d’aimer, ne sait faire autre chose que goûter dans tout ce qui lui arrive les douceurs de l’amour divin.
Que les événements soient consolants ou amers, agréables ou fâcheux, peu importe. L’amour la remplit, l’absorbe, la protège de telle sorte qu’elle ne peut plus sentir, goûter ou connaître autre chose ; partout elle trouve le secret de grandir en amour et la faculté d’aimer davantage. Elle ne sait plus qu’aimer ; au milieu même des relations qu’elle est forcée d’avoir avec les créatures, elle ne trouve plus que les délices de l’amour de Dieu.