Vous serez comblés de joie

Mon Dieu et mon Seigneur, mon espoir et la joie de mon cœur, dis à mon âme si sa joie est celle dont tu nous dis par ton Fils : “Demandez et vous recevrez : ainsi vous serez comblés de joie”. J’ai trouvé, en effet, une joie pleine et plus que pleine, car le cœur, l’esprit, l’âme, tout mon être étant rempli de cette joie, elle abondera encore sans mesure. Ce n’est pas elle qui entrera en ceux qui se réjouissent ; ce seront plutôt eux qui entreront de tout leur être en elle.

 

Parle, Seigneur ! Dis à ton serviteur, au fond de son cœur, si ce que j’éprouve est bien la joie dans laquelle entreront ceux qui goûteront la joie même de leur maître (Mt 25,21). Mais cette joie dont jouiront tes serviteurs, “nul œil ne l’a vue, nulle oreille ne l’a entendue, le cœur de l’homme ne l’a pas sentie s’élever en lui” (1Co 2,9)… Je te prie donc, mon Dieu, de me donner de te connaître, de t’aimer, pour qu’en toi je sois dans la joie.

Et si je ne le peux pas pleinement en cette vie, fais-moi avancer maintenant jusqu’à ce que j’y entre pleinement un jour. Que ma connaissance de toi ici-bas grandisse, pour qu’elle puisse arriver à la plénitude où tu es. Que mon amour pour toi croisse ici pour être total là-haut. Que maintenant ma joie soit immense en espérance, pour être alors totale en réalité. Seigneur, tu ordonnes par ton Fils que nous demandions, et tu promets que nous recevrons, afin que notre joie soit parfaite… Fais grandir ma faim de cette joie, afin que j’y entre !

Saint Anselme, Proslogion, 26

 

Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous

Le premier degré d’action de grâce est celui du cœur ; il faut y graver la mémoire des insignes miséricordes dont le Seigneur a usé envers nous. Le second degré nous porte à louer, à exalter, à célébrer le bien reçu; la prière liturgique, en particulier le Te Deum, constitue la meilleure source de l’action de grâces, car l’Esprit-Saint lui-même en est l’auteur. Mais c’est par la divine Eucharistie et par Elle seule que nous pourrons dignement nous acquitter de notre dette de gratitude envers Dieu. Voilà le troisième et suprême degré de l’action de grâces… Ô mon Dieu, quand je vous offre cette Hostie de louange et d’amour, vous faites encore entendre cette voix paternelle du haut des cieux, qui descendit sur Jésus; “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je mets toutes mes complaisances.”

Thomas de Celano, Vita Secunda de St François, § 125 et 127