Mystère de la Sainte Trinité


La Trinité, présentée par Saint Léon.
Lors donc que nous appliquons le regard de notre âme pour comprendre la dignité de l’Esprit-Saint, gardons-nous de rien penser de lui qui diffère en excellence du Père et du Fils, car l’essence de la divine Trinité coïncide en tout avec son unité. Il appartient éternellement au Père d’engendrer son Fils coéternel à lui ; il appartient éternellement au Fils d’être engendré intemporellement par le Père ; il appartient de même éternellement à l’Esprit-Saint d’être l’Esprit du Père et du Fils, en sorte que jamais le Père n’ait été sans le Fils, et jamais le Père et le Fils sans l’Esprit-Saint ; tout progrès dans l’existence étant exclu, nulle Personne ici qui soit antérieure, nulle qui soit postérieure. L’immuable divinité de cette bienheureuse Trinité est, en effet, une dans sa substance, sans partage dans son action, unanime dans sa volonté, pareille dans sa toute-puissance, égale dans sa gloire. Lorsque la sainte Écriture parle d’elle de telle sorte que, soit dans les faits, soit dans les paroles, elle attribue quelque chose qui paraisse convenir aux Personnes prises en particulier, la foi catholique ne s’en trouble pas, mais plutôt en tire instruction, car la propriété du mot ou de l’action doit nous faire comprendre qu’il y a vraiment trinité, sans que l’intelligence divise ce que l’oreille a distingué h Certaines choses, en effet, sont présentées sous le nom du Père, d’autres sous le nom du Fils, d’autres sous celui du Saint-Esprit, pour que les fidèles ne se trompent pas en confessant la Trinité ; puisqu’elle est inséparable, on ne la concevrait jamais comme une trinité si on l’exprimait toujours inséparablement *. Il est donc bon que la difficulté même où nous sommes d’en parler force notre cœur à comprendre, et l’enseignement céleste se sert de notre infirmité même pour nous venir en aide ; puisque notre pensée ne doit mettre dans la Divinité du Père et du Fils et de l’Esprit-Saint ni singularité ni diversité, notre esprit peut bien sentir à la fois et la vérité de l’unité et la vérité de la trinité, mais le langage est incapable de les exprimer en même temps.
La foi, bien-aimés, est donc enracinée dans nos cœurs, selon laquelle nous croyons pour notre salut que toute la Trinité prise ensemble est une seule puissance, une seule majesté, une seule substance, indistincte en son action, inséparable en son amour, sans différence en son pouvoir, toute en même temps remplissant tout, toute en même temps contenant tout. Ce qu’est, en effet, le Père, le Fils l’est aussi, et l’Esprit-Saint l’est également et la parfaite divinité n’est en nul d’entre eux ou plus grande ou plus petite qu’elle-même, mais il faut la reconnaître dans les trois Personnes en sorte que la Trinité soit incompatible avec la solitude et que leur égalité sauvegarde l’unité.