Neuvième dimanche après la Pentecôte
Évangile selon saint Luc (19, 41-47)
En ce temps-là, arrivé aux abords de Jérusalem, Jésus, voyant la ville, pleura sur elle : « Ah ! dit-il, si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! Mais hélas ! il est demeuré caché à tes yeux. Oui, des jours vont fondre sur toi, où tes ennemis t’environneront de retranchements, t’investiront, te presseront de toutes parts. Ils t’écraseront sur le sol, toi et tes enfants qui seront dans tes murs, et ils ne laisseront pas de toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas su reconnaître le temps où tu fus visitée ! » Entré dans le Temple, il se mit à en chasser les vendeurs. « Il est écrit, leur dit-il : ‘Ma maison sera une maison de prière’, et vous en avez fait, vous, un repaire de brigands ! » Et il enseignait tous les jours dans le Temple.
On a souvent entendu dire que Moïse, après avoir fait sortir Israël d’Égypte, construisit dans le désert un tabernacle, une tente de sanctuaire, grâce aux dons des fils de Jacob. Il faut bien voir, comme le dit l’apôtre Paul, que tout cela était symbolique (1Co, 10,6).
C’est vous, mes frères, qui êtes maintenant le tabernacle de Dieu, le Temple de Dieu, comme l’explique l’apôtre : « Le Temple de Dieu, c’est vous ! » Temple où Dieu régnera éternellement, vous êtes sa tente parce qu’il est avec vous sur la route ; il a soif en vous, il a faim en vous (Mt, 25,35). Cette tente, mes frères, c’est vous-mêmes dans le désert de cette vie, jusqu’à ce que vous parveniez à la Terre de la Promesse. Alors aura lieu la véritable dédicace, alors sera édifiée la vraie Jérusalem, non plus sous la forme d’une tente, mais d’une cité.
Mais déjà, si nous sommes de vrais fils d’Israël selon l’Esprit, si nous sommes sortis en Esprit de la terre d’Égypte, offrons tous nos biens pour la construction du tabernacle : « Chacun reçoit de Dieu son don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là » (cf 1Co, 12,4s). Que tout soit donc commun à tous. Que personne ne considère comme sien propre le charisme qu’il a reçu de Dieu ; que personne n’envie un charisme qu’aurait reçu son frère ; mais qu’il estime que ce qui est sien est vraiment le bien de tous, et qu’il ne doute pas que le bien de son frère est aussi le sien. Dieu agit en sorte que chacun ait besoin des autres ; ce que l’un n’a pas, il peut le trouver en son frère. Ainsi l’humilité sera gardée, la charité sera augmentée, et l’unité manifestée, dans le Corps du Christ tout entier.
Vous êtes les pierres du Temple du Père, taillées pour l’édifice que construit Dieu le Père, élevées jusqu’au sommet par l’instrument de Jésus Christ, qui est sa croix, vous servant comme câble de l’Esprit Saint. Votre foi vous tire en haut, et la charité est le chemin qui vous élève jusqu’à Dieu. Vous êtes aussi tous des compagnons de route, porteurs de Dieu et de son Temple, porteurs du Christ, portant les objets sacrés, ornés en tout des préceptes de Jésus Christ. Avec vous, je suis dans l’allégresse… ; je me réjouis avec vous de ce que, vivant d’une vie nouvelle, vous n’aimez rien que Dieu seul.