Premier dimanche après l’Épiphanie
Évangile selon saint Luc (2, 42-52)
Dieu, vous qui illuminez toutes les nations, pour vous nous avons chanté : « Le Seigneur va venir, il illuminera les yeux de ses serviteurs ». Maintenant vous êtes venue, ô ma Lumière : « Illumine mes yeux, pour que je ne m’endorme jamais dans la mort » (Ps 12,4). Vous êtes venue, Lumière des croyants, et aujourd’hui vous nous avez donné la joie d’être illuminés par la foi, qui est notre lampe. Donnez-nous aussi toujours la joie de voir s’éclairer ce qui reste en nous de ténèbres.
Voilà la route qu’il faut prendre, âme fidèle, pour parvenir à la patrie où « les ténèbres seront comme midi » (Is 58,10) et « la nuit sera claire comme le jour » (Ps 138,12). Alors « tu verras et tu seras radieuse, ton cœur s’émerveillera et se dilatera », lorsque toute la terre sera remplie de la majesté de la Lumière infinie et que « sa gloire sera manifestée en toi » (Is 60,5.2). « Venez, marchons à la lumière du Seigneur ! » (Is 2,5) Alors « en fils de lumière » nous marcherons « de clarté en clarté, comme conduits par le Seigneur qui est Esprit » (2Co 3,18).
En disant à Joseph : « Prends sans crainte avec toi Marie, ta femme » (Mt 1,20), l’ange ne se trompait pas. (…) Le titre de « femme » n’était ni vain, ni mensonger, car cette Vierge faisait le bonheur de son mari, d’une manière d’autant plus parfaite et admirable qu’elle devenait mère sans la participation de ce mari, féconde sans lui, mais fidèle avec lui. C’est à cause de ce mariage authentique qu’ils ont mérité d’être appelés l’un et l’autre « parents du Christ » — non seulement elle, « sa mère », mais lui aussi « son père », en tant qu’époux de sa mère, père et époux selon l’esprit, non selon la chair. Tous les deux — lui seulement par l’esprit, elle jusque dans sa chair — sont parents de son humilité, non de sa noblesse, parents de sa faiblesse, non de sa divinité. Voyez l’Évangile, qui ne saurait mentir : « Sa mère lui a dit : ‘Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi nous te cherchions, angoissés’ ».
Lui, voulant montrer qu’il avait aussi en dehors d’eux un Père qui l’avait engendré sans mère, leur a répondu : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » Et, pour qu’on ne pense pas qu’en parlant ainsi, il reniait ses parents, l’évangéliste ajoute : « Il redescendit avec eux et revint à Nazareth, et il leur demeurait soumis ». (…) Pourquoi se soumettait-il à ceux qui étaient si inférieurs à sa nature divine ? Parce que « s’anéantissant lui-même, il s’était fait une nature de serviteur » (Ph 2 7), selon laquelle ils étaient ses parents. S’ils n’avaient pas été unis par un mariage véritable, bien que sans commerce charnel, ils n’auraient pas pu être appelés tous deux les parents de cette nature de serviteur.
Prenons donc à partir de Joseph la généalogie du Christ : époux dans la chasteté, il est père de la même manière. (…) Il n’a pas, direz-vous, engendré Jésus par l’opération de la nature ? Mais Marie elle-même, l’a-t-elle conçu par l’opération de la nature ? Eh bien : ce que le Saint-Esprit a opéré, il l’a fait pour les deux ensemble. Car Joseph était, nous dit Matthieu (1,19), « un homme juste ». Ils étaient justes, mari et femme. L’Esprit Saint a reposé dans leur commune justice, et leur a donné un fils à tous deux.