Quatrième dimanche après l’Épiphanie
Évangile selon saint Matthieu (8, 23-27)
En ce temps-là, Jésus monta dans la barque et ses disciples le suivirent. Soudain il s’éleva sur la mer une grande tempête, au point que la barque était recouverte par les vagues. Lui cependant dormait. Ils s’approchèrent donc et l’éveillèrent, en disant : « Seigneur, au secours ! nous périssons ! » Mais il leur dit : « Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ! » Alors il se leva, menaça les vents et la mer, et il se fit un grand calme. Tous furent saisis d’admiration, et ils disaient : « Quel est-il donc celui-là, que même les vents et la mer lui obéissent ! »
Si quelqu’un veut honorer Dieu, qu’il se prosterne devant son Fils. Sans cela, le Père n’accepte pas d’être adoré. Du haut du ciel, le Père a fait entendre ces paroles : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ». Le Père trouve sa joie dans le Fils ; si tu ne trouves pas ta joie en lui toi aussi, tu n’auras pas la vie… Après avoir reconnu qu’il y a un seul Dieu, reconnais aussi qu’il y a le Fils unique de Dieu ; crois en « un seul Seigneur Jésus Christ » (Credo). Nous disons « un seul » parce que lui seul est Fils, même s’il a plusieurs noms…
« Il est appelé Christ » [c’est-à-dire l’Oint], un Christ qui n’a pas reçu son onction de mains humaines, mais qui a été oint de toute éternité par le Père pour exercer en faveur des hommes le sacerdoce suprême… Il est appelé « Fils de l’homme », non pas qu’il tienne son origine de la terre, comme chacun de nous, mais parce qu’il doit venir sur les nuées juger les vivants et les morts. Il est appelé « Seigneur », non pas abusivement comme les seigneurs humains, mais bien parce que la seigneurie lui appartient par nature de toute éternité. Il est appelé fort à propos « Jésus » [c’est-à-dire « le Seigneur sauve »], car il sauve en guérissant. Il est appelé « Fils », non pas parce qu’une adoption l’ait élevé à ce titre, mais parce qu’il a été engendré selon sa nature.
Il y a encore beaucoup d’autres appellations de notre Sauveur… Dans l’intérêt de chacun, le Christ se montre sous divers aspects. Pour ceux qui ont besoin de joie, il se fait « vigne » ; pour ceux qui doivent entrer, il est « la porte » ; et pour ceux qui veulent présenter leurs prières, il est là, « Grand Prêtre » et « Médiateur ». Pour les pécheurs, il s’est aussi fait « brebis » afin d’être immolé pour eux. Il se fait « tout à tous », en restant lui-même ce qu’il est par nature.
« Voici que l’hiver est passé, dit [l’Époux], la pluie s’en est allée, elle a disparu d’elle-même » (Ct 2,11). Le mal porte plusieurs noms selon la diversité de ses effets. Il est hiver, pluie et averse, et chacun de ces noms symbolise respectivement une tentation différente. On l’appelle hiver pour symboliser la multitude des formes du mal. (…) Que dire des tempêtes qui surviennent en mer en hiver ? Soulevée des abîmes, la mer se gonfle et imite les rochers et les montagnes en dressant au-dessus de l’eau ses sommets. Elle s’élance contre la terre comme une ennemie, se précipitant sur les côtes et les ébranlant des coups successifs de ses flots, comme d’autant d’attaques de machines de guerre.
Mais interprétons ces maux de l’hiver et tous ceux qu’on pourrait y ajouter, en les transposant dans leur sens symbolique. (…) Qu’est-ce que cette mer aux flots grondeurs ? Qu’est-ce encore que cette pluie, et que sont ces averses de pluie ? Et comment la pluie cesse-t-elle d’elle-même ? Le sens profond de toutes ces énigmes de l’hiver est en rapport avec quelque chose d’humain et qui concerne la liberté de notre volonté. (…) La nature humaine au commencement fleurissait (…) mais l’hiver de la désobéissance ayant desséché la racine, la fleur tomba et fut dissoute dans la terre ; l’homme fut dépouillé de la beauté immortelle et l’herbe des vertus fut desséchée, l’amour de Dieu s’étant refroidi, tandis que l’iniquité croissait ; des passions sans nombre furent soulevées en nous par les souffles hostiles et entraînèrent les naufragés funestes des âmes.
Mais lorsque vient celui qui apporte le printemps à nos âmes, lui qui, lorsqu’un vent mauvais réveille la mer, menace le vent et dit à la mer : « Silence ! Calme-toi ! » (Mc 4,39), aussitôt tout revient au calme et à la sérénité, et notre nature se remet à verdir et à se parer de ses propres fleurs. Les fleurs de notre vie sont les vertus, qui maintenant fleurissent et produisent leurs fruits en leur saison » (Ps 1,3). C’est pourquoi le Verbe dit : « Voici que l’hiver est passé ».