10 août

Saint Laurent

  • Fête de saint Laurent, diacre et martyr, cité au canon de la messe. Il mourut à Rome, en 258.
  • À Rome, au VIe siècle, saint Deusdedit, cordonnier, dont saint Grégoire dit qu’il distribuait aux pauvres le samedi son gain de la semaine.
  • À Auxerre, en 1136, saint Hugues de Montaigu, évêque ; ancien moine de Cluny, puis abbé de Saint-Germain d’Auxerre, ami de saint Bernard, il mena sur le siège épiscopal une vie pauvre et charitable.

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Sermon du pape saint Léon

Les autorités païennes en fureur sévissaient contre l’élite des membres du Christ et s’attaquaient plus particulièrement au clergé. Le persécuteur déchaîna sans pitié sa rage sur le diacre Laurent qui présidait non seulement au ministère des sacrements, mais encore à la distribution des biens de l’Eglise. La prise d’un seul homme promettait une double proie : la livraison du trésor sacré en même temps qu’une apostasie de la vraie religion.

Aussi cet homme amoureux des richesses autant qu’ennemi de la vérité s’arme-t-il d’une double torche : l’avarice pour ravir l’or au diacre et l’impiété pour lui arracher le Christ. Il demande au gardien irréprochable du sanctuaire de lui livrer les ressources de l’Eglise, objet d’avides convoitises. Le diacre très intègre, voulant lui montrer où il les avait placées, lui présente des foules fort nombreuses de chrétiens pauvres; c’est dans leur nourriture et leur vêtement qu’il avait placé ces richesses pour les sauvegarder; plus sainte s’avérait la dépense, plus grande en était la sécurité.

Frustré, le spoliateur frémit et s’enflamme de haine contre une religion qui a institué un tel usage des richesses; il entreprend de dérober un trésor plus précieux encore à celui chez qui il n’a trouvé en substance aucun argent; il veut lui arracher ce dépôt plus sacré dont le diacre est riche. Il somme Laurent de renoncer au Christ et il se dispose à forcer, par de cruels supplices, l’intrépide fermeté d’âme du diacre. Les premiers sévices n’obtiennent rien, de plus violents leur succèdent. Il commande de placer un feu pour les rôtir, sous les membres lacérés et meurtris par les nombreuses déchirures des coups. Le gril de fer a déjà en soi la force de brûler par sa chaleur continue, mais si l’on retourne les membres, le changement de position produit une torture plus cruelle et une peine plus efficace.

Tu n’obtiens rien, tu ne gagnes rien, sauvage cruauté. La chair périssable échappe à tes inventions. Laurent part pour le ciel et toi, tu échoues. La flamme de la charité du Christ ne peut être vaincue par tes flammes : il fut plus faible, ce feu qui brûlait au-dehors, que celui qui embrase au-dedans. Persécuteur, tu as rendu service au martyr en sévissant contre lui; tu as augmenté la palme en accumulant les supplices. En effet, ton génie inventif a-t-il pu concevoir quelque chose qui ne tourne à la gloire du vainqueur, puisque les instruments du supplice eux-mêmes sont devenus l’honneur du triomphe? Réjouissons-nous donc, frères très chers, d’une joie spirituelle et, à l’occasion de l’heureux trépas de cet illustre héros, glorifions-nous dans le Seigneur qui est admirable dans ses saints; en eux il nous donne exemple et secours. Il a tellement manifesté sa gloire de par le monde entier que, de l’Orient à l’Occident, resplendissent les éclatantes lumières du diaconat : autant Jérusalem brille par Étienne, autant Rome s’illustre par Laurent.