21 janvier

Sainte Agnès

  • Fête de sainte Agnès, la plus populaire des jeunes chrétiennes qui préférèrent la mort à la perte de la virginité qu’elles avaient vouée au Seigneur. Elle mourut à Rome, au IVe siècle.
  • En 259, à Tarragone, en Espagne, saint Fructueux, évêque, et ses diacres Augure et Euloge, martyrs.
  • À Laval, le bienheureux Jean-Baptiste Turpin du Cormier, prêtre, et ses compagnons, dont quatorze prêtres et plusieurs religieuses, martyrisés pendant la Révolution Française, pour leur fidélité à l’Eglise romaine et à leurs engagements sacrés.

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Livre de l’évêque saint Ambroise sur les vierges

C’est aujourd’hui la naissance au ciel d’une vierge, imitons sa pureté. C’est la naissance au ciel d’une martyre, immolons des victimes. C’est la naissance au ciel de sainte Agnès, que les hommes laissent libre cours à leur admiration, que les enfants ne perdent point courage, que les épouses s’émerveillent, que les vierges suivent son exemple. Mais que pouvons-nous dire qui soit digne d’elle, quand son nom même appelle déjà l’éclat de la louange? Son amour dépasse son âge, son courage dépasse la nature; aussi son nom fait-il bien plus, à mon sens, que la désigner parmi les humains : il annonce son martyre, il révèle ce qu’elle sera. Son titre de vierge proclame sa pureté. En l’appelant martyre, je l’ai louée comme il convient; car elle est surabondante la louange que l’on obtient sans l’avoir recherchée. Nul ne mérite mieux l’éloge que celui qui peut l’attendre de tous; autant d’hommes, autant de hérauts qui acclament son martyre en prononçant son nom.

C’est à douze ans qu’elle consomma son martyre, nous dit la tradition. La cruauté, qui ne sut pas épargner un âge aussi tendre n’en est que plus odieuse; au contraire, elle n’en éclate que mieux, la puissance de la foi qui reçoit témoignage d’une telle jeunesse. Y avait-il en ce corps menu une place pour la blessure? Elle, qui n’avait pas de quoi recevoir le fer, eut de quoi vaincre le fer. Intrépide entre les mains ensanglantées des bourreaux, immobile au milieu du fracas des lourdes chaînes, la voici qui présente son corps tout entier au glaive du soldat déchaîné. Elle ignore encore tout de la mort, mais elle est déjà prête, même si on la traînait de force aux autels, à étendre au milieu des flammes les mains vers le Christ et, au cœur du brasier sacrilège, à dessiner le trophée du Seigneur victorieux. La voici qui passe le cou et les deux mains dans les anneaux de fer, mais aucune entrave ne peut enserrer des membres aussi fins.

Quel genre inusité de martyre! Elle n’est pas encore apte au supplice, et cependant mûre déjà pour la victoire. A peine parvient-elle à livrer son combat, et de haute main elle emporte la couronne, passée maître en vaillance, en dépit de ce que pouvait faire craindre sa jeunesse. Une épousée n’irait pas à ses noces comme cette vierge au lieu de son supplice, d’un élan aussi joyeux, d’un pas aussi prompt. Chacun pleure, elle-même n’a pas une larme. La plupart s’émerveillent de la voir prodiguer aussi facilement une vie dont elle n’a point encore goûtée, comme si elle en avait déjà épuisé les plaisirs. Tous sont stupéfaits de la voir rendre témoignage à la divinité, alors que son âge ne lui permet pas encore de disposer de soi.

Que de menaces le bourreau n’emploie-t-il pas pour la terroriser, que de flatteries pour la persuader, combien font des propositions pour qu’elle accorde sa main? Mais elle de répondre : «C’est faire injure à mon époux que d’espérer que je puisse plaire. Celui-là me possédera qui le premier m’a choisie. Pourquoi tarder, tortionnaire? Périsse donc ce corps que peuvent aimer des yeux dont je ne veux pas!» Elle se tient droite, elle prie, elle infléchit la nuque. Vous auriez vu alors le bourreau pris de frayeur, comme s’il était lui-même voué à la torture, sa main, qui aurait dû frapper, saisie de tremblement, son visage devenu blême d’anxiété pour le péril d’autrui, et cette petite fille, devant son propre danger, affranchie de la peur. Voilà donc, en une seule victime, un double témoignage : celui de la pureté et celui de la foi. Elle demeure vierge et elle obtient le martyre.