10 février
Sainte Scholastique

- Fête de sainte Scholastique, soeur de saint Benoît. En 543, trois jours après l’entrevue où elle obtint du Seigneur une pluie miraculeuse pour que se prolongeât l’entretien qu’elle avait avec son frère, celui-ci vit son âme s’envoler vers le ciel sous la forme d’une colombe.
- À Rouen, en 704, sainte Austreberthe, vierge, abbesse célèbre par ses miracles.
- À Rimini, en 1346, la bienheureuse Claire, veuve, d’une admirable patience dans les épreuves, très charitable et pacifique.
- En 1960, à Brezaric, en Croatie, le bienheureux Louis Stepinac, cardinal et martyr. Evêque de Zagreb, il secourut de nombreuses victimes de la persécution nazie ; puis, sous la dictature communiste, défendit sans faiblir les droits de l’Eglise. Condamné aux travaux forcé, puis mis en liberté surveillée, il mourut empoisonné.
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Deuxième livre des Dialogues du pape saint Grégoire
Scholastique, la sœur du bienheureux père Benoît, consacrée au Dieu tout-puissant depuis son jeune âge, avait coutume de venir le voir une fois l’an. L’homme de Dieu descendait vers elle dans une dépendance non loin de la porte du monastère. Or, un jour, elle vint comme d’habitude, et son vénérable frère descendit à sa rencontre avec des disciples. Ils passèrent toute la journée dans la louange de Dieu et les entretiens spirituels. A la tombée des ténèbres de la nuit ils prirent ensemble leur repas. Ils étaient encore attablés et, dans le feu du dialogue spirituel, l’heure se faisait de plus en plus tardive, quand la moniale, sa sœur, le supplia par ces paroles : « Je t’en prie, ne me quitte pas cette nuit, ainsi nous pourrons parler jusqu’au matin des joies de la vie céleste. » Mais lui de répondre : « Que dis-tu là, ma sœur ? Rester hors du monastère, je ne le peux absolument pas. » Or, le ciel était tellement serein qu’il n’y avait pas le moindre nuage en vue.
Mais, quand la moniale eût entendu le refus de son frère, elle posa les mains, les doigts croisés, sur la table, et inclina la tête sur ses mains pour prier le Seigneur tout-puissant. Lorsqu’elle releva la tête de la table, il se produisit un tel déchaînement d’éclairs et de tonnerre, une telle averse de pluie, que ni le révérend Benoît, ni les frères qui l’accompagnaient, n’auraient pu mettre un pied au-delà du seuil du local où ils étaient réunis. La moniale, en inclinant la tête sur les mains, avait répandu sur la table un flot de larmes qui avait changé en pluie le beau temps. Et qui plus est, ce n’est pas un peu après sa prière que survint l’averse, mais il y eut coïncidence entre la prière et l’averse au point que la sœur leva la tête au moment où déjà grondait le tonnerre, de sorte que, d’un seul et même coup, elle leva la tête et la pluie tomba.
Alors l’homme de Dieu, voyant qu’il ne pouvait rentrer au monastère, au milieu des éclairs et des coups de tonnerre, ainsi que de l’inondation de pluies torrentielles, se mit à se plaindre tout attristé, et il dit : « Qu’il te pardonne, sœur, le Dieu tout-puissant ! Qu’as-tu fait là ? » Et elle de lui répondre : « Eh bien ! je t’ai prié, et tu n’as pas voulu m’écouter ; j’ai prié mon Seigneur, et lui, il m’a écoutée. Sors, maintenant, si tu peux ; et laisse-moi pour retourner à ton monastère ! » Mais comme il n’y avait pas moyen de quitter l’abri, il fut bien obligé d’y rester, lui qui n’avait pas voulu y demeurer de bon gré. Ainsi advint-il qu’ils veillèrent toute la nuit et se rassasièrent par un mutuel échange de saints propos sur la vie spirituelle.
Le lendemain, quand cette incomparable femme se fût retirée en son cloître, l’homme de Dieu rentra au monastère. Et voilà que trois jours plus tard, tandis qu’il se tenait en cellule, les yeux levés en l’air il vit l’âme de sa sœur, sortie de son corps, pénétrer sous forme d’une colombe les profondeurs du ciel. Il se réjouit avec elle de tant de gloire, et rendit grâces au Dieu tout-puissant par des hymnes et des louanges, puis annonça aux frères le décès de sa sœur. Il les envoya aussitôt chercher le corps pour le ramener au monastère et le déposer dans le sépulcre qu’il s’était préparé pour lui-même. Ainsi fut fait, de sorte que les corps de ceux qui n’avaient jamais eu qu’une seule âme en Dieu, ne furent pas non plus séparés dans la tombe.