14 avril
Saints martyrs Valérien

- Mémoire des saints martyrs Valérien, époux de sainte Cécile, Tiburce, son frère, et Maxime, préfet de la ville, qu’ils avaient converti.
- En Avignon, saint Bénézet, petit pâtre, qui construisit le célèbre pont sur le Rhône et fut enseveli en 1184 dans la chapelle qu’il avait édifiée.
- En Hollande, en 1433, sainte Lydwine de Schiedam, vierge ; pendant trente-huit ans, accablée de cruelles infirmités, elle expia les péchés du monde, soutenue par d’extraordinaires faveurs divines.
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La légende de saint Bénezet
L’an du Seigneur 1177, le pont fut commencé par Saint Bénézet ainsi qu’il est déclaré dans cet écrit :
En ce jour, quand le soleil était à son déclin, un enfant du nom de Bénézet gardait les brebis de sa mère dans un pâturage.
Jésus Christ lui dit distinctement à trois reprises :
– Bénézet, mon fils, entends la voix de Jésus Christ.
– Qui êtes-vous, seigneur, qui me parlez. J’entends votre voix mais ne vous vois pas.
– Écoute donc, Bénézet, et n’aie point peur. Je suis Jésus Christ qui par une seule parole ai créé le ciel, la terre et la mer et tout ce qu’ils renferment.
– Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?
– Je veux que tu quittes les brebis que tu gardes car tu me feras un pont sur le fleuve Rhône.
– Ne t’ai-je pas dit de croire ? Viens donc hardiment car je ferai surveiller tes brebis et te donnerai un compagnon qui te conduira jusqu’au Rhône.
– Seigneur, je n’ai que trois oboles et comment ferai-je le pont sur le Rhône ?
– Viens avec moi, je te l’apprendrai.
Alors Bénézet s’en alla, obéissant à la voix de Jésus Christ qu’il entendait mais ne voyait pas. Et en allant, il rencontra l’Ange, en tenue de pélerin, portant son bâton et sa besace, qui lui dit :
– Suis-moi sans crainte et je te conduirai jusqu’au lieu où tu feras le pont de Jésus Christ et te montrerai comment t’y prendre. »
Ils arrivèrent à la rive du fleuve. Voyant le grand fleuve, Bénézet fut frappé d’une grande peur et dit :
– En aucune manière on ne peut ici faire un pont.
Et l’Ange lui répondit :
– Sois sans inquiétude, car le Saint Esprit est en toi, regarde où tu dois passer et va en la cité d’Avignon et présente-toi à l’Evêque et à son peuple.
Ayant dit cela, l’Ange disparut à ses yeux.
Alors Bénézet s’en alla vers la barque et pria le batelier, pour l’amour de Dieu et de notre Dame Sainte Marie, de le passer dans la cité car il y avait à faire.
Et le batelier qui était juif lui répondit :
– Si tu veux passer, tu me donneras trois deniers comme les autres.
Bénézet le pria une autre fois pour l’amour de Dieu et de notre Dame Sainte Marie de le passer sur l’autre rive. Le juif lui dit :
– Je n’ai que faire de ta Marie car elle n’a aucun pouvoir ni dans le ciel, ni sur terre. Plus valent trois deniers que ta Marie ; car il y en a assez de Maries.
Entendant cela, Bénézet lui donna les trois oboles qu’il possédait. Le juif vit qu’il ne pouvait obtenir davantage, prit les trois oboles et le passa.
Bénézet, entré dans la cité d’Avignon, alla trouver l’Evêque prêchant son peuple :
Il lui dit à haute voix :
– Écoutez-moi et comprenez-moi, car Jésus Christ m’a envoyé vers vous afin que je fasse un pont sur le Rhône.
L’Evêque entendant ces paroles, le considéra comme possédé et atteint de folie et manda le prévot, viguier de la ville, pour qu’il l’écorche et lui arrache les pieds et les mains parce qu’il était un mauvais homme.
Entendant Bénézet qui aussitôt lui dit :
– Mon seigneur Jésus Christ m’a envoyé en cette cité afin que je fasse un pont sur le Rhône.
Le viguier lui répondit :
– C’est toi si chétif personnage et qui ne possède rien qui déclare que tu feras un pont où Dieu, ni Saint Pierre, ni Saint Paul, ni encore Charlemagne, ni aucun autre n’a pu le faire ? Ce serait merveilleux. Attends ; je sais qu’un pont est fait de pierre et de chaux je te donnerai une pierre que j’ai dans mon palais et si tu peux la remuer et la porter, je croirai que pourras faire le pont.
Bénézet, mettant sa confiance en notre Seigneur, retourna vers l’Evêque et lui dit qu’il le ferait aisément.
L’Evêque dit :
– Allons donc, et voyons les merveilles que tu nous promets.
Il partit avec l’Evêque et le peuple avec eux, et Bénézet prit seul la pierre que trente hommes n’auraient pu déplacer, aussi légèrement que s’il se fût agi d’un caillou et la mit au lieu où le pont a son pied.
Les gens voyant cela crièrent au miracle et disaient que grand et puissant est notre Seigneur dans ses œuvres.
Et alors le viguier fut le premier à le nommer Saint Bénézet, lui baisant les mains et les pieds, et lui offrit trois cents sous, et dans ce lieu lui furent donnés cinq mille sous.
Maintenant vous avez entendu de quelle manière, frères, le pont fut commencé afin que vous tiriez profit de ce grand bienfait. Et Dieu fit nombre de miracles en ce jour, par lui il rendit la vue, fit entendre les sourds et marcher les paralytiques…