C comme…

C comme… Cor unum

 

LE CÉLÈBRE COR UNUM

“Ils n’avaient qu’une âme et un cœur dans le Seigneur” (Ac 4, 32). Si la charité a fait de tant d’âmes une seule âme et de tant de cœurs un seul cœur, quelle est la grandeur de la charité qui unit le Père et le Fils ? Elle peut être plus grande en vérité que celle qui unissait ces hommes qui n’avaient qu’un seul cœur. Si donc cette multitude de frères n’avait qu’un seul cœur à cause de la charité, si cette multitude n’avait qu’une seule âme à cause de la charité, diras-tu de Dieu le Père et de Dieu le Fils qu’ils sont deux ? S’ils sont deux dieux, ce n’est pas en eux que se trouve la charité suprême. Car si, ici-bas, la charité est telle qu’elle fait une seule âme de ton âme et de l’âme de ton frère, comment au ciel, le Père et le Fils ne sont-ils pas un seul Dieu ? Que jamais la foi sincère n’admette une telle pensée !
À quel point du reste cette charité l’emporte sur les autres, comprenez-le à ceci : autant il y a d’hommes, autant il y a d’âmes ; s’ils s’aiment, ils forment une seule âme ; néanmoins on peut encore parler de plusieurs âmes quand il s’agit des hommes, car leur union n’arrive jamais à une telle perfection. Là, au contraire, tu peux dire qu’il y a deux ou trois dieux. Cela te souligne la surabondance et la perfection suprême de cette charité, telle qu’il ne peut en exister d’autre. »

S. Augustin, Homélies sur l’Évangile de Jean XIV, 920