
DIEU COURONNE SES PROPRES MÉRITES
Quel mérite y a-t-il donc dans l’homme avant la grâce qui la lui fasse obtenir, puisque tout mérite en nous est l’œuvre de la grâce, et que Dieu, en couronnant nos mérites, ne couronne que ses dons? En effet, de même que dès le commencement de la foi, nous avons reçu miséricorde, non parce que nous étions déjà fidèles, mais pour obtenir les moyens de le devenir, de même à la fin de notre course, où commencera la vie éternelle, Dieu, comme il est écrit, «nous couronnera dans sa miséricorde et dans sa bonté.» (Psaume, eu, 4.) Ce n’est donc pas en vain, que dans nos chants nous disons à la gloire du Seigneur: «Sa miséricorde me préviendra» (Ps., lviii, 11), « et sa miséricorde me suivra. » (Ps., xii) Aussi la vie éternelle que nous posséderons sans fin à la fin des siècles, et qui sera la récompense de nos mérites précédents, est elle-même appelée grâce, comme étant un don gratuit ; non pas qu’elle ne soit aussi une récompense accordée à nos mérites, mais parce que ces mérites mêmes sont un don du Seigneur et l’œuvre de la grâce, et non point celle de notre propre force. C’est l’apôtre Paul lui-même, ce grand défenseur de la grâce, qui donne le nom de grâce à la vie éternelle, quand il dit aux Romains : « La mort est la solde du péché, mais la vie éternelle est la grâce de Dieu dans notre Seigneur Jésus-Christ. » (Rom., vi, 23.)