
Victoire su la mort
« Mais quand la mort sera absorbée dans sa victoire, ces maux ne seront plus, ils feront place à une paix complète et sans fin. – Qui ne soupirerait après cette Cité bienheureuse, d’où nul ami ne sort, où n’entre nul ennemi, où il n’y a ni tentation, ni sédition, ni schisme dans le peuple de Dieu, nul instrument du diable pour affliger l’Église ? – Une paix parfaite régnera donc parmi les enfants de Dieu, qui s’aimeront, se verront pleins de Dieu, car Dieu sera tout en tous. C’est donc Dieu que nous verrons tous, Dieu que nous posséderons tous, Dieu qui sera notre paix à tous. »
Notre demeure véritable
Il convient de ne jamais perdre de vue, chers frères, que nous avons renoncé au monde et que nous vivons ici-bas comme des hôtes de passage, comme des étrangers (He 11,13). Bénissons le jour qui assigne à chacun sa demeure véritable, et qui, après nous avoir arrachés à ce monde et dégagés de ses liens, nous rend au paradis et au Royaume des cieux. Quel est celui qui ne se hâterait pas de regagner sa patrie après quelque temps passé à l’étranger ? Quel est celui qui…ne souhaiterait pas un vent favorable pour voguer pour embrasser les siens plus rapidement ? Notre patrie, c’est le paradis ; dès le début, nous avons eu les patriarches pour pères.
Pourquoi ne nous hâtons-nous donc pas de voir notre patrie, pourquoi ne courons-nous pas saluer nos parents ? Une foule d’êtres chers nous attendent là-bas : des parents, des frères, des enfants, sûrs déjà de leur propre salut mais préoccupés encore par le nôtre ; ils aspirent à nous voir parmi eux… C’est là que se trouvent le chœur glorieux des apôtres, la foule animée des prophètes, l’armée innombrable des martyrs couronnés de leurs succès contre l’ennemi et la souffrance…; c’est là que rayonnent les vierges…; c’est là enfin que sont récompensés les hommes qui ont fait preuve de compassion, qui ont multiplié les actes de charité en subvenant aux besoins des pauvres et qui, fidèles aux préceptes du Seigneur, sont parvenus à s’élever des biens terrestres aux trésors du ciel.
Hâtons-nous donc de satisfaire notre impatience de les rejoindre et de comparaître au plus vite devant le Christ. Que Dieu découvre en nous cette aspiration…, lui qui accorde la récompense suprême de sa gloire à ceux qui l’auront désiré avec le plus d’ardeur.
Mort
« J’accompagne souvent les âmes agonisantes et je leur obtiens la confiance en la miséricorde divine. Je supplie Dieu de leur donner toute la grâce divine, qui est toujours victorieuse. La miséricorde divine atteint plus d’une fois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur, nous croyons que tout est perdu, mais il n’en est pas ainsi. L’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon de ses fautes et de leurs punitions. Elle ne nous donne à l’extérieur aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures. Oh! Que la miséricorde divine est insondable!
Mais horreur! il y a aussi des âmes, qui volontairement et consciemment, rejettent cette grâce et la dédaigne. C’est déjà le moment même de l’agonie. Mais Dieu, dans sa miséricorde, donne à l’âme dans son for intérieur ce moment de clarté. Et si l’âme le veut, elle a la possibilité de revenir à Dieu.
Mais parfois, il y a des âmes d’une telle dureté de cœur qu’elles choisissent consciemment l’enfer. Elles font échouer non seulement toutes les prières que d’autres âmes dirigent vers Dieu à leur intention, mais même aussi les efforts divins.»