
Nourris-moi abondamment de toi-même
Car comment l’étincelle vivra-t-elle sinon dans son feu? Où et comment la goutte peut-elle être sinon dans sa source?
Oui, que ton cher embrasement m’enveloppe et me consume tout entière, esprit et âme, comme peut le faire ta toute-puissante libéralité pour un pauvre grain de poussière. O amour, ô très douce chaleur du midi, en ta pleine paix, un saint repos me ravit par-dessus tout. Tes sabbats si désirés sont riches de la présence de Dieu, et pour une épouse regorgent de la grâce de ta face très sereine. (…)
Nourris-moi abondamment de toi-même. Car comment l’étincelle . vivra-t-elle sinon dans son feu? Où et comment la goutte peut-elle être sinon dans sa source? (…)
O amour Dieu, comme tu réchauffes bien tes enfants dans le sein de ta charité, comme tu les nourris avec soin ! Plaise à Dieu, et mille fois plaise à Dieu, que tu m’ouvres dès maintenant l’école d’amour, afin que là je reçoive ton très cher enseignement, et que par toi j’aie une âme non seulement bonne, mais en vérité sainte et parfaite.(…)
Bienheureuse la bouche qui goûte, ô amour Dieu, tes consolantes paroles plus douces que ,le miel, que le miel en rayon! Oh ! quand mon âme sera-t-elle donc nourrie, rassasiée dé ta divinité, et enivrée de l’abondance de tes délices? De grâce, mon Seigneur, qu’ici-bas je goûte combien tu es doux, afin que là dans l’éternité, j’aie le bonheur de jouir de toi, ô Dieu de ma vie. Amen.
À la sueur de son front
L’âme fidèle commence donc par manger son pain, mais hélas ! à la sueur de son front (Genes., III, 19) ; en effet tant qu’elle demeure dans le corps elle ne marche que par la foi, qui doit agir parla charité, car sans les oeuvres la foi est morte. Or, ce sont ces oeuvres qui sont sa nourriture selon ce que dit le Seigneur : «Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père (Joan., IV, 34). » Quand elle a quitté sa dépouille mortelle, elle cesse de manger le pain de la douleur, et, comme à la fin du repas, elle commence à boire à longs traits le vin de l’amour.