
Repos
C’est le bonheur dont Marie également avait fait choix, pendant qu’elle laissait sa sœur vaquer aux soins nombreux du service, pour demeurer assise aux pieds du Seigneur et entendre en repos sa parole.
Quel service magnifique ! quelle insigne faveur ! « Marie pourtant a choisi la meilleure part », en demeurant assise, en repos et en écoutant, tandis que sa soeur allait et venait, se fatiguait et pensait-il tant de choses.
C’est la récompense qu’il promet de donner à ses saints dans son royaume: « En vérité je vous le déclare, dit-il, il les fera mettre à table; lui-même passera et les servira (2) ». Que signifie: « Il les fera mettre à table », sinon : Il les fera reposer, reposer complètement? Et: « Il passera lui-même et les servira? » Qu’il les servira après avoir passé ici, car le Christ a passé ici, et il nous faudra le rejoindre dans ce séjour où il ne passe plus.
Nous voici au septième jour, où Dieu s’est reposé : c’est ce jour qu’il a sanctifié (1). Ce repos du Seigneur était l’emblème de notre repos, et nous serons pleinement sanctifiés lorsque nous nous reposerons éternellement avec lui. Pourquoi Dieu se reposerait-il? Ses oeuvres ne l’ont point fatigué. Toi-même, si tu n’as qu’une parole à dire, te fatigues-tu? Tu n’as pas même à faire le moindre mouvement, s’il te suffit de commander pour qu’à l’instant s’exécute ta volonté. Et quand, pour tout faire, Dieu n’a dit que peu de mots, il aurait tout à coup perdu ses forces?
Seul le christianisme affirme à la fois, indissolublement, pour l’homme une destinée transcendante et pour l’humanité une destinée commune.
Il y a un Port, un terme définitif. L’univers crie vers sa libération, et il est certain de l’obtenir.
Comme Dieu s’est reposé le septième jour après avoir créé le monde, ainsi le monde, ayant achevé sa course, se reposera en Dieu. Alors « il n’y aura plus de temps ».
Il reposait dans une étable, et il gouvernait le monde, enfant sans parole, il était la parole même; les cieux ne sauraient le contenir et une femme le portait dans son sein.
Le Livre de la Genèse, où l’oeuvre même de la création est présentée sous la forme d’un « travail » accompli par Dieu durant « six jours » et aboutissant au « repos » du septième jour… dans lequel la description de chaque jour de la création s’achève par l’affirmation : « Et Dieu vit que cela était bon ».
Cette description de la création… est en même temps et en un certain sens le premier « évangile du travail ». Elle montre en effet en quoi consiste sa dignité : elle enseigne que, par son travail, l’homme doit imiter Dieu, son créateur, parce qu’il porte en soi – et il est seul à le faire – l’élément particulier de ressemblance avec Lui. L’homme doit imiter Dieu lorsqu’il travaille comme lorsqu’il se repose, étant donné que Dieu lui-même a voulu lui présenter son oeuvre créatrice sous la forme du travail et sous celle du repos.
Notre coeur est inquiet jusqu’à ce qu’il trouve en Dieu le repos.
On ne vient pas au Christ dans le repos et dans les délices, mais à travers toutes sortes de tribulations et de tentations.
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre »
Jésus est si fatigué de toujours faire des frais et des avances qu’Il s’empresse de profiter du repos que je lui offre. Il ne se réveillera sans doute pas avant ma grande retraite de l’éternité, mais au lieu de me faire de la peine cela me fait un extrême plaisir.
Oui, seigneur, voilà ce que je voudrais répéter après vous, avant de m’envoler en vos bras. C’est peut-être de la témérité ? Mais non, depuis longtemps vous m’avez permis d’être audacieuse avec vous. Comme le père de l’enfant prodigue parlant à son fils aîné, vous
m’avez dit : « Tout ce qui est à moi est à toi. »
Pour vous aimer comme vous m’aimez, il me faut emprunter votre propre amour, alors seulement je trouve le repos.