Troisième dimanche après Pâques
Évangile selon saint Jean (16, 16-22)
Ces paroles du Sauveur : « Je vous reverrai et votre cœur se réjouira et cette joie, personne ne pourra vous l’enlever » ne doivent pas être rapportées à ce temps où, après sa résurrection, il s’est montré à ses disciples dans sa chair et leur a dit de le toucher, mais à cet autre temps dont il avait déjà dit : « Celui qui m’aime, mon Père l’aimera et je me manifesterai à lui » (Jn 14, 21). Cette vision n’est pas pour cette vie, mais pour celle du monde à venir. Elle n’est pas pour un temps, mais n’aura jamais de fin. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé Jésus Christ » (Jn 17, 3). De cette vision et connaissance, l’apôtre Paul dit : « Nous voyons maintenant dans un miroir et en énigme, alors nous le verrons face à face. Je ne connais maintenant qu’en partie, alors je connaîtrai comme je suis connu » (1Co 13, 12).
Ce fruit de son labeur, l’Église l’enfante maintenant dans le désir, alors elle l’enfantera dans la vision ; maintenant elle l’enfante dans la peine, alors elle l’enfantera dans la joie ; maintenant elle l’enfante dans la supplication, alors elle l’enfantera dans la louange. Ce fruit sera sans fin, car rien ne saurait nous combler sinon ce qui est infini. C’est ce qui faisait dire à Philippe : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit » (Jn 14, 8).
« Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie » (Ph 4, 4). L’apôtre Paul nous ordonne d’être joyeux, mais dans le Seigneur, non selon le monde. Comme dit l’Écriture : « Celui qui veut aimer les choses de ce monde se pose en ennemi de Dieu » (Jc 4, 4). De même que l’on ne peut pas servir deux maîtres (Mt 6,24), c’est ainsi qu’on ne peut pas être joyeux à la fois selon le monde et dans le Seigneur. Que la joie dans le Seigneur l’emporte donc, jusqu’à ce que disparaisse la joie selon le monde ; que la joie dans le Seigneur augmente toujours… Je ne dis pas cela parce que, vivant en ce monde, nous ne devons jamais nous réjouir, mais afin que, même vivant en ce monde, nous soyons joyeux dans le Seigneur.
Mais quelqu’un dira : « Je suis dans le monde ; si je suis joyeux, je suis joyeux là où je suis. » Et alors ? Parce que tu es dans le monde, tu n’es pas dans le Seigneur ? Écoute encore Saint Paul…au sujet de Dieu et du Seigneur, notre Créateur : « C’est en lui qu’il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d’exister » (Ac 17, 28). Car celui qui est partout, en quel lieu n’est-il pas ? N’est-ce pas à cela qu’il nous exhortait ? « Le Seigneur est proche, ne soyez inquiets de rien » (Ph 4, 5-6).
C’est là un grand mystère : il est monté au-dessus des cieux, et il est tout proche de ceux qui habitent sur terre. Qui donc est à la fois lointain et tout proche, sinon celui qui s’est tellement rapproché de nous par miséricorde ?