Vingt-et-unième dimanche après la Pentecôte
Évangile selon saint Matthieu (18, 23-35)
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : « Le royaume des cieux peut se comparer à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Le règlement commencé, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talents. Comme il n’avait pas de quoi s’acquitter, le maître ordonna de le vendre ainsi que sa femme, ses enfants et tout ce qu’il possédait, en remboursement de sa dette. Le serviteur tomba à ses pieds et se prosterna devant lui, en disant : ‘Sois patient avec moi, et je te rendrai tout.’ Pris de pitié, le maître de ce serviteur le laissa aller et lui remit sa créance. En sortant, ce serviteur rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers. L’ayant saisi, il le serrait à la gorge, en disant : ‘Rembourse ce que tu dois.’ Son compagnon, tombant à ses pieds, le suppliait : ‘Sois patient avec moi, et je te rembourserai.’ Mais celui-ci refusa et s’en alla le faire mettre en prison, jusqu’à ce qu’il eût remboursé ce qu’il devait. Voyant ce qui se passait, ses compagnons furent profondément affligés et vinrent informer leur maître de tout ce qui était arrivé. Alors le maître le fit appeler et lui dit : ‘Méchant serviteur, je t’avais remis toute ta dette, parce que tu m’en avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?’ Et, dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. C’est ainsi que vous traitera mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond du cœur. »
C’est Dieu qui en ce monde souffre du froid et de la faim en tous les pauvres, comme il le dit lui-même (Mt 25,40). Quelle sorte de gens sommes-nous donc, nous qui voulons recevoir lorsque Dieu donne, et lorsqu’il demande, nous ne voulons pas donner ? Quand le pauvre a faim, c’est le Christ qui est dans le besoin, comme il le dit lui-même : « J’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger » (v. 42). Ne méprise donc pas la misère des pauvres, si tu veux espérer avec confiance le pardon de tes péchés. Ce qu’il reçoit sur la terre, il le rend dans le ciel.
Je vous le demande, mes frères, que voulez-vous, que cherchez-vous quand vous venez à l’église ? Quoi donc, sinon la miséricorde ? Donnez celle de la terre, et vous recevrez celle du ciel. Le pauvre te demande, et tu demandes à Dieu : il demande une bouchée de pain, et toi, la vie éternelle. C’est pourquoi, lorsque vous venez à l’église, faites l’aumône aux pauvres, selon vos ressources.
Ne dis donc pas : « Il m’a outragé, il m’a calomnié, il m’a fait quantité de misères. » Plus tu dis qu’il t’a fait du mal, plus tu montres qu’il t’a fait du bien, puisqu’il t’a donné occasion de te purifier de tes péchés. Ainsi, plus il t’offense, plus il te met en état d’obtenir de Dieu le pardon de tes fautes. Car si nous le voulons, personne ne pourra nous nuire ; même nos ennemis nous rendent ainsi un grand service… Considère donc combien tu retires d’avantages d’une injure soufferte humblement et avec douceur.