Vingtième dimanche après la Pentecôte

Évangile selon saint Jean (4, 46-53)
En ce temps-là, il y avait à un officier royal dont le fils était malade. à la nouvelle que Jésus était venu de Judée en Galilée, il alla le trouver et le pria de descendre, pour guérir son fils qui se mourait. Jésus lui dit : « Si vous ne voyez miracles et prodiges, vous ne croirez donc pas ! » — « Seigneur, lui dit l’officier, descends avant que mon enfant ne meure. » – « Va, lui dit Jésus ; ton fils vit. » L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et partit. Comme il s’en retournait, ses serviteurs vinrent à sa rencontre et lui dirent : « Ton fils vit. » Il leur demanda l’heure à laquelle celui-ci s’était trouvé mieux. Ils lui répondirent : « C’est hier, à la septième heure, que la fièvre l’a quitté. » Le père reconnut que c’était bien l’heure à laquelle Jésus lui avait dit : « Ton fils vit. » Et il crut, lui et toute sa famille.
« Si le Christ est mort et a repris vie, c’est afin d’être le Seigneur des morts comme des vivants » (Rm 14, 9). Cependant « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais bien des vivants » (Lc 20,38). Par conséquent, les morts dont celui qui vit est le maître ne sont plus morts mais vivants, et la vie les domine à tel point qu’ils vivent sans plus craindre la mort. De même que « le Christ ressuscité des morts ne meurt plus » (Rm 6, 9), de même ils sont relevés et libérés de la corruption et ne verront plus la mort. Ils auront part à la résurrection du Christ, comme lui-même a pris part à notre mort. Le Christ n’est descendu sur terre que pour « broyer les portes de bronze et briser les verrous de fer » (Ps 106, 16) qui étaient fermés depuis toujours, et pour arracher notre vie à la corruption et nous attirer vers lui en nous appelant de la servitude à la liberté.
Si ce dessein n’est pas encore accompli — car les hommes meurent encore et les corps se dissolvent dans la tombe –, que ce ne soit point là un obstacle pour la foi. Car dès maintenant nous avons reçu les prémices de tous les biens promis et les gages par lesquels nous sommes montés au plus haut des cieux. Nous siégeons en effet auprès de celui qui nous a emportés avec lui dans les hauteurs, comme Paul le dit quelque part : « Il nous a ressuscités et fait asseoir avec le Christ dans les cieux. » (Ép 2, 6)
S. Anastase
Admirez les merveilles de Dieu ; sortez de votre sommeil. Vous admirez seulement les prodiges extraordinaires ? Mais sont-ils plus grands que ceux qui se produisent tous les jours sous vos yeux ? Les hommes s’étonnent que notre Seigneur Jésus Christ ait rassasié plusieurs milliers de personnes avec cinq pains (Mt 14,19s), et ils ne s’étonnent pas que quelques graines suffisent pour couvrir la terre de moissons abondantes ? Ils sont saisis d’admiration en voyant le Sauveur changer l’eau en vin (Jn 2,19) ; n’est-ce pas la même chose quand la pluie passe par les racines de la vigne ? L’auteur de ces prodiges est le même.
Le Seigneur a opéré des prodiges, et cependant un grand nombre l’ont méprisé. Ils se disaient : « Ces œuvres sont divines, mais lui, il n’est qu’un homme. » Tu vois donc deux choses : d’une part des œuvres divines, et de l’autre un homme. Si ces œuvres divines ne peuvent être faites que par Dieu, ne serait-ce pas parce que Dieu se cache en cet homme ? Oui, sois bien attentif à ce que tu vois, et crois ce que tu ne vois pas. Celui qui t’appelle à croire ne t’a pas abandonné à toi-même ; même s’il te demande de croire ce que tu ne peux pas voir, il ne t’a pas laissé sans rien à voir pour t’aider à croire ce que tu ne vois pas. Est-ce que la création elle-même est un faible signe, une faible manifestation du Créateur ? En plus, le voici qui vient dans le monde et qui fait des miracles. Tu ne pouvais pas voir Dieu, mais tu pouvais voir un homme : alors Dieu s’est fait homme, pour que ne fasse plus qu’un pour toi ce que tu vois et ce que tu crois.